Page:Merlant - Bibliographie des œuvres de Senancour, 1905.djvu/81

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du château de Choprut W, qu’elle fit précéder d’une notice terminée par ces mots : «… Mais l’auteur d’Obermann, plaignons l’en avec Nodier <2), ne savait point chercher de consolation plus haut que cette terre. Dieu apparaît peu dans ses ouvrages. Et cependant quel homme était mieux fait pour le comprendre et l’aimer, que celui qui trouvait dans la nature de si profondes, de si belles harmonies, et les rendait avec tant de charme. » (Même tendance à ne juger Sénancour que d’après Obermann : 1° dans les articles intitulés Lettres d’un Egotiste, parus dans le Semewr de 1833-34 ; 2° dans les Etudes sur le XlXe siècle, de Vinet Lausanne, 1844).

Mlle de Sénancour, en réponse, adressa à l’Emulation une lettre, certainement dictée par Sénancour, qui fut insérée dans le numéro du 18 septembre 1843. «… Lorsque M. de Sénancour a écrit Obermann, il était fort jeune. L’énergique manifestation de dégoût <3) que lui inspiraient les croyances vulgaires… a pu lui donner les apparences de l’athéisme. Comme alors il ne traitait que fortuitement ces questions, qu’elles n’étaient point l’objet de son livre, il ne s’est nullement attaché à exprimer sérieusement sa croyance religieuse… » Dans le cours de cette lettre, Sénancour renvoie, par deux fois, l’auteur de l’article aux Libres Méditations. «… Depuis un grand nombre d’années, ces hautes recherches, l’espérance de l’avenir, causent l’unique préoccupation de M. de Sénancour, à qui une consolation puissante est nécessaire plus qu’à bien d’autres encore. Son dernier ouvrage, entièrement refait^… renferme la dernière pensée de r homme vieilli dans le silence du cabinet… »

Le 27 Janvier 1846, le Narrateur Fribourgeois publia sur Sénancour une notice nécrologique qui donne quelques curieux renseignements biographiques.

Sainte-Beuve a parlé de Sénancour dans la 14e leçon de « Chateaubriand et son groupe littéraire ».

J. Levallois, après avoir parlé à plusieurs reprises de Sénancour dans « La libre Conscience », dans « l’Opinion nationale », dans « Les Mémoires d’une forêt » et dans « La

(1) Même extrait dans Les Prosateurs français vivants, collection AJapon de Grandsagne, Paris, 1833.

(2) Cf. Ch. Nodier, Les Tristes ou Mélanges tirés des Tablettes d’un Suicidé, in-8", Paris, 1806, p. 11 : « Lisez VObermann et les Rêveries de Sénancour, et plaignez un écrivain qui a si bien senti la nature, de n’avoir pas senti Dieu ».

(3) Cf. p. 73. L’athéisme a été un mouvement de dépit consciencieux sans profondeur.