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glais, par d’autres Celtes, par d’autres Danois, et que quelques écrivains, moins précis dans leurs indications, font venir de Thulé, dénomination également applicable aux îles Britanniques, aux trois royaumes scandinaves et a l’Islande. Cet opuscule, qui prouve à la fois la vaste érudition d’Akerblad et son extrême modestie, doit son principal mérite aux remarques que le célèbre Villoison y a ajoutées. 4° Inscription grecque sur une plaque de plomb trouvée dans la environs d’Athènes, Rome, 1813, in-4o (en italien). Cet ouvrage, où Akerblad garde l’anonyme, et qui est consacré à l’explication d’une inscription que le savant voyageur anglais Dodwel découvrit dans un hypogée du cimetière public du Pirée, est plein de recherches curieuses sur la langue, la mythologie et les mœurs de la Grèce ancienne. (Voy. Lettre sur une inscription phénicienne trouvés à Athènes, Rome, Rome, 1814, in-8o.) C’est le dernier ouvrage qu’Akerblad ait fait imprimer : il est adressé au chevalier Italinsky, et a pour objet l’examen d’un monument d’une haute importance pour la paléographie. Akerblad a enrichi d’excellentes notes la traduction allemande du Voyage dans la Troade, par M. J.-B. Lechevalier. Ces notes, contenant, un grand nombre de faits recueillis sur les lieux mêmes, ont pour but de déterminer l’emplacement de l’ancienne Troie, et sont généralement regardées comme ce qui a été publié de plus remarquable dans la discussion non encore terminée sur ce point de géographie ancienne. M-a.


AKERMAN, graveur, né en Suède, au commencement du dernier siècle. Ses talents ayant été connus de l’académie des sciences de Stockholm, cette société savante lui fournit, vers l’année 1750, les moyens d’établir à Upsal un atelier pour faire des globes célestes et terrestres. Il réussit dans cette entreprise, au point que ses globes furent recherchés, non-seulement en Suède, mais en Danemark, en Allemagne, en Russie. Un autre graveur suédois, nommé Akfel, les a perfectionnés dans les derniers temps pour les mesures, et de plus leur a donné le mérite de présenter des découvertes les plus récentes. C-au.


AKHSCHID. Voyez Ykschid.


AKHTAL, poëte satirique arabe, vivait sous les Ommiades en même temps que Farasdak et Djerir (voy. ces deux noms), qui furent ses rivaux et tour à tour ses amis et ses ennemis. Il était né d’une famille chrétienne, et grandit dans le sein de la religion de son père ; son enfance ne fut pas heureuse, et il eut beaucoup à souffrir des rigueurs de sa belle-mère ; on assure même que son premier essai poétique fut dicté par le ressentiment qu’il lui portait, et qu’il l’improvisa en s’enfuyant de la maison paternelle. Il eut de bonne heure beaucoup d’assurance et d’audace, et, jeune encore, il osa se mesurer avec un poëte éprouvé, le poëte Caab. C’est alors, selon toute apparence, qu’il reçut le nom d’Akhtal (en français, qui les oreilles pendantes ; la traduction anglaise flapeared est plus précise et plus expressive). Son véritable nom était Ghiath ; et soit qu’il eùt e, effet le oreilles pendantes et flasques, soit que Caab, par vengeance ou mépris, lui eût donné ce surnom, il le conserva toujours, et son biographe : ne le désignent point autrement. Il fut honoré de la faveur des califes qui régnèrent à cette époque à Damas, Maowia Ier, Yexid, Abdel-Mélek, Akhal dut en grande partie cette faveur à son panégyrique de la maison d’Ommaya, dans lequel on remarquait ces paroles qui devinrent alors célèbres : « L’ennemi même le plus opiniâtre finit oar « se soumettre à leurs lois ; il sont les plus cléments « des hommes après la victoire. » Farsadka et Djerir étaient divisés par une animosité profonde, et à Akhtal, bien que ces eux hommes lui fussent personnellement inconnus, se montra tout d’abord favorable à Djerir ; il se préparait même à lancer publiquement ses épigrammes contre Farasdak. Les amis de ce dernier intervinrent à propos, et, par des raisons que nous ne connaissons pas, dissuadèrent Akhtal de son projet ; mais le démon de la poésie ou plutôt de la jalousie n’y perdit rien ; le poëte n’eut d’autre peine que de tourner ses batteries en sens contraire. Il s’éleva dès lors entre Djerir et lui une haine implacable, qui trouva un jour l’occasion d’éclater en présence d’Abdel-Mélek lui-même. Djerir, après avoir épanché sa colère, demanda au calife de réciter quelques vers contre ce maudit chrétien ; mais il ne put l’obtenir, et sortit écumant de rage. Akhtal restait maître de l’esprit du prince et pouvait y faire de nouveaux progrès : « Djerir, dit-il, a prétendu « qu’il ferait votre éloge en trois jours. Moi, j’ai mis « un an à composer un panégyrique dont je ne « suis pas encore content. » Abdel-Mélek, qui n’était rien moins qu’insensible à la louange, lui demanda ces vers. Le calife fut obéi, et, transporte d’admiration, il s’écria : « Veux-tu donc que je publie un « manifeste pour te déclarer le premier des poëtes « arabes ? — Il me suffit, répondit Akbtal, que la bouche « du prince des croyants m’ait rendu ce témoignage. » Le poëte fut comblé de présents et d’honneurs. Un officier marchait à ses côtés et disait : « Voici le poëte « du commandeur voici le plus grand poëte des « Arabes. » — Bien qu’il ait toujours témoigné beaucoup d’attachement pour la religion dans laquelle il était né, Akbtal jouit d’une grande considération auprès des musulmans ; les prêtres chrétiens, au contraire, dont il blessait les principes par son caractère haineux et satirique, le traitaient avec la plus grande sévérité. Du reste, inspiré par une verve caustique qui faillit plusieurs fois lui couter la vie, il n’avait rien de chrétien dans la pensée ; jamais sans doute, et il se rend ce témoignage à lui-même, la pudeur n’eut à s’alarmer de ses vers ; mais il avait le cœur plein de fiel, et à ses derniers moments, les préoccupations de la mort et les douleurs physiques laissèrent place encore à des paroles de vengeance. On lui disait, à cette heure suprême : « N’avez-vous de recommandation à faire « à personne ? Je recommande à Farasdak, répondit-il, « de couvrir de ridicule Djerir et sa famille. » — On trouve une intéressante biographie de ce poëte dans le Journal Asiatique de 1834. Cette notice, dont l’auteur est M. Caussin de Perceval, a été reproduite dans l’Asatié Journal de la même année. — L’ouvrage