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venger de cet affront, il lui déclara la guerre. L’empereur Rodolphe, instruit de la résolution d’André, lui suscita, pour l’occuper en Hongrie, un concurrent, dans la personne d’Albert, son propre fils. Le roi de Hongrie avait déjà un autre rival dans Charles Martel, fils de Charles II, roi de Naples. Après avoir pris toutes les mesures nécessaires pour résister à ces deux rivaux, il porta ses armes en Autriche pendant cinq campagnes de suite. Rappelé dans ses États par de nouveaux troubles, il se hâta de faire la paix avec le duc d’Autriche, et de la cimenter par son mariage avec Agnès ; mais il trouva la Hongrie encore divisée par quelques nobles, qui soutenaient son compétiteur Charles, fils du roi de Sicile. Le royaume demeura partagé entre ces deux princes rivaux, jusqu’à leur mort, arrivée en 1301. Charles mourut à Naples, et André à Bude, le 14 janvier de la même année, après 11 ans de règne. Il fut le dernier roi de la famille de St. Étienne, n’ayant laissé, de son mariage avec Agnès d’Autriche, qu’une fille nommée Élisabeth, qui prit le voile dans le monastère de Roess, en Suisse. Plusieurs compétiteurs se disputèrent alors la couronne. qui devint enfin le partage de la maison d’Anjou, régnante à Naples. B-p.


ANDRÉ de Hongrie, roi de Naples, nommé Andreasso par les Napolitains, était second fils de Caribert, roi de Hongrie ; il fut appelé à la succession du royaume de Naples par Robert, roi des Deux-Siciles, qui, après avoir usurpé cette couronne à Caribert, se voyant sans enfants, voulait la faire retourner à ses héritiers légitimes. Robert fit en 1333, épouser à son petit-neveu Jeanne sa petite-fille. André n’était alors âge que de sept ans : mais déjà son caractère était fier, impétueux, presque féroce, tel enfin que les mœurs encore demi-sauvages des Hongrois avaient dû le former. Déjà on l’avait accoutume à dédaigner les arts et la mollesse du midi, et bientôt il conçut pour la cour de Naples, pour sa femme et pour les princes du sang, un mépris qu’il ne prit pas la peine de dissimuler. Le roi Robert, dès qu’il reconnut ces dispositions hostiles, s’efforça de faire rentrer André sous dépendance de Jeanne. Il fit prêter serment de fidélité à cette princesse par les barons du royaume, et lorsqu’il mourut, en 1343, Jeanne fut seule couronnée, tandis qu’André continua d’être désigné par le nom de duc de Calabre. André, jaloux d’une autorité qu’il croyait lui être due, impatient de toute contrainte, et se croyant insulté par toute opposition, sollicitait le pape de le faire couronner ; et sur l’étendard qu’il destinait à cette cérémonie, il avait fait peindre une hache, un billot et d’autres instruments de supplice, annonçant à ses courtisans que, dès qu’il serait roi, il ferait justice de ses arrogants ennemis. Jeanne, de son côté, voluptueuse et inconstante, apprenait de ses amants à mépriser son mari et à le craindre. Louis de Tarente, son cousin, qui l’avait entrainer dans le vice, l’accoutuma, le premier, à souhaiter la mort d’André. Philippine Cabane, dite la Catanoise, sa confidente, lui fit désirer cet événement, comme la délivrance de Son royaume aussi bien que la sienne. Jeanne donna son consentement à un complot formé autour d’elle par ses parents et ses courtisans. La cour était alors dans un couvent près d’Averse, lorsque, le 18 décembre 1345, les conjurés, sous prétexte que de grandes nouvelles étaient arrivées de Naples, firent appeler, pendant la nuit, André, qui était auprès de la reine. Dès que le prince fut au milieu d’eux, ils lui jetèrent un lacet autour du cou, et le poussèrent hors d’un balcon pour l’étrangler tandis que leurs complices, qui étaient au-dessous, le tiraient par les pieds. Le meurtre fut accompli avec une férocité révoltante, et le cadavre d’André, laissé dans le jardin, fut trouvé mutilé d’une manière d’autant plus horrible, que les conjurés n’avaient point osé employer le fer contre lui, persuadé qu’une amulette qu’il portait le mettrait à l’abri de leurs coups. Ainsi périt ce malheureux prince, à l’âge de 19 ans. (Voy. Jeanne Ire, Louis de Tarente et Cabane.) S. S-i.


ANDRÉ, juif de Cyrène, surnommé Lucuas par Eusèbe, et l’Homme des lumières par Abul-Farage, se rendit fameux sous l’empire de Trajan, à la tête de ses compatriotes, auxquels il persuada qu’il les ferait rentrer triomphants à Jérusalem. L’enthousiasme qu’il inspira à ce peuple crédule lui procura plusieurs avantages sur Lupus, préfet d’Égypte, qu’il obligea de se renfermer dans Alexandrie, où ce général se vengea de ses défaites par le massacre de tous les Juifs qui habitaient cette grande ville. André, usant de représailles, ravagea le plat pays, désola toute la Libye, dont plus de 200,000 habitants devinrent les victimes de ses fureurs. Ces horribles désordres s’étendirent jusque dans l’île de Chypre, où les Juifs, sous la conduite d’un nommé Artémion, firent périr un égal nombre de Grecs et de Romains. Si l’on en croit Dion Cassius, les un s’étaient scies dans toute la longueur du corps, les autres devenaient la proie des bêtes féroces. contre lesquelles on les faisait combattre. Les barbares vainqueurs mangeaient leurs chairs, se frottaient le corps de leur sang, et se revêtaient de leurs peaux, après les avoir écorchés vifs ; mais ces affreux détails ne sont pas confirmés par Eusèbe. Ce ne fut qu’après plusieurs combats très-sanglants que Martius Turbo, d’autres disent Adrien, général des troupes romaines, vint à bout de les soumettre. T-d.


ANDRÉ, dit de Crète, parce qu’il fut archevêque de cette ile au commencement du 8 e siècle, ou Jérosolymitain, parce qu’il était resté quelque temps à Jérusalem, était natif de Damas. Il s’acquit une grande réputation à Constantinople par son éloquence et par sa vertu. Il avait donné dans les erreurs des monothéistes ; mais il confessa ensuite la doctrine des deux volontés en Jésus-Christ. On place sa mort vers l’an 720. Le P. Combefis a publié de cet archevêque un poëme en vers iambes, un commentaire sur l’Apocalypse (mis en latin par Peltan Ingolstadt. 1574, et dans le St. Chrysostome de Commelin), que d’habiles critiques attribuent à André de Césarée. On trouve encore, sous le nom de cet auteur, plusieurs discours dans la Bibliothèque des Pères, mais qu’on croit être d’un auteur postérieur. T-d.