Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 13.djvu/382

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tation : An a sanguine impulsum cor salit (1663) ? fut présidée par Nicolas Bonvarlet. À peine reçu docteur, Fagon obtint la chaire de botanique et celle de chimie au Jardin des plantes. Ce jardin, dont la surintendance était confiée au premier médecin du roi, avait été singulièrement négligé par Cousinot et Vautier. L’archiàtre Vallot se montra aussi zélé que ses prédécesseurs avaient été insouciants. Il fut puissamment secondé par Fagon, qui fit des excursions botaniques en Auvergne, en Languedoc, en Provence, sur les Alpes, les Pyrénées, les Cévennes et les bords de la mer, où il recueillit une abondante moisson. Le catalogue publié en 1665, sous le titre de Hortus regius, est précédé d’un petit poëme qui ne manque pas d’élégance. Fagon devint, en 1680, premier médecin de madame la Dauphine, puis de la reine, enfin de Louis XIV en 1695. Revêtu de ces dignités, il fut nommé en 1699, membre honoraire de l’Académie des sciences. On voit à regret qu’il n’enrichit point les mémoires de cette compagnie célèbre. Il n’y inséra qu’un seul mémoire Sur le blé cornu appelé ergot, en 1710 ; et la république littéraire ne possède pas de lui outre cet écrit un seul ouvrage ; car ce nom ne peut être donné à une mince brochure intitulée : Les admirables qualités du quinquina, confirmées par plusieurs expériences, avec la manière de s’en servir dans toutes les fièvres, pour toute sorte d’âge, Paris, 1705, in-12, ni à diverses thèses sur l'efficacité de l’eau panée, sur l’utilité du café pour les gens de lettres, sur les inconvénients du tabac, etc. ; thèses que peuvent réclamer les candidats qui les ont défendues. On se tromperait cependant si l’on jugeait que la carrière de Fagon fut stérile. Tous les moments dont ses emplois lui permirent de disposer, il les consacra soit à l’exercice gratuit de sa profession, soit à des actes de justice et de bienfaisance, qui ne peuvent être assez loués, parce qu’ils sont excessivement rares. Fagon, transporté à la cour, étonna, scandalisa, par des vertus qui semblent proscrites de ce séjour de corruption. Il diminua considérablement les revenus de sa charge ; il abolit les tributs établis sur les nominations aux chaires de professeur dans les différentes universités, et sur les intendances des eaux minérales du royaume ; il restreignit autant que cela lui fut possible, et regretta de ne pouvoir anéantir la vénalité des places. Il fit supprimer la chambre royale des universités provinciales, confirma, étendit même les droits de la faculté de médecine de Paris, et poursuivit avec une louable sévérité les médicastres, les empiriques, les charlatans, qui de nos jours pratiquent impunément leur art homicide, et distribuent sans crainte leurs poisons. Un des plus beaux titres de gloire pour Fagon est, sans contredit, d’avoir non-seulement estimé, admiré, mais recherché et protégé avec une sorte de passion les savants et les artistes. Ce fut par ses soins, et sur sa recommandation, que Louis XIV envoya Plumier en Amérique, Feuillée au Pérou, Lippi en Égypte, Tournefort en Asie. Fagon donna surtout à ce dernier les témoignages les plus éclatants d’une haute considération : il l’appela d’Aix à Paris, et lui procura la chaire de botanique au jardin du roi. Le célèbre naturaliste provençal témoigna dignement sa reconnaissance à son Mécène, en lui consacrant, sous le nom de Fagonia, un genre de plantes rosacées (de la famille des Rutacées, de Jussieu et de Ventenat), dont la plupart des espèces sont originaires du du Levant. Fagon était d’une constitution très-délicate, fatigué par un asthme violent, et tourmenté par la pierre, dont il fut opéré en 1702 par l’habile chirurgien Mareschal. Il parvint cependant, à l’aide d’une conduite régulière, d’une sobriété constante et scrupuleuse, jusqu’à l’âge de près de 80 ans ; il mourut le 11 mars 1718. Son éloge est inséré parmi ceux des académiciens par Fontenelle, et beaucoup plus détaillé dans la Notice des hommes les plus célèbres de la faculté de médecine, par J.·A. Hazon. C.


FAHLENIUS (Eric), né en Suède, dans la prevince de Vestmanie, devint, en 1701, professeur des langues orientales à Pernau, en Livonie. Lorsque ce pays eut été occupé par les Russes, il retourna en Suède. On a de lui : 1° Disp. duo priora capita ex comment. R. lsaaci Abarbanelis in prophetam Jonam in linguam lat. translata, 1696 ; 2° Disp. historiam Alcorani et fraudem Mahumedis sistens, 1679 ; 5° De triplici Judœorum libros sacros commentandi ratione, eorumdemque seriptorum usu et utilitate in scholis christianorum, 1701. — Un autre Suédois, nommé Jonas FAHLENIUS, fut évêque d’Abo, où il mourut en 1748, laissant quelques dissertations latines. C—Au.


FAHRENHEIT (Gabriel-Daniel), habile physicien et artiste ingénieux, naquit à Dantzig, vers la fin du 17e siècle. Son père le destinait à suivre le commerce, mais son goût le portait à l’étude des sciences, et le succès de quelques instruments qu’il exécuta avec d’utiles rectifications détermina son penchant pour la physique. Il voyagea dans les différentes parties de l’Allemagne pour accroître ses connaissances par la fréquentation des savants ; s’établit ensuite en Hollande, où il acquit l’amitié des hommes les plus distingués, entre autres de l’illustre sGravesande, et mourut en 1740 dans un âge peu avancé. Il avait entrepris une machine Pour le dessèchement des terrains sujets aux inondations, et avait obtenu des états de Hollande un privilège pour l’exécution. En mourant, il pria s’Gravesande de terminer cette machine au profit de ses héritiers. s’Gravesande y fit des changements qu’il jugeait propres à en rendre le jeu plus prompt ; mais, à la première expérience, elle se dérangea et fut abandonnée. Fahrenheit, est principalement connu par les aréomètres et les, thermomètres de son invention. « L’aréomètre de Fahrenheit, dit M. Libes (Diction. de physique), offre l’avantage d’opérer sur des volumes égaux de différents fluides, et conséquemment de faire