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BAN — BAN

on doit observer son commentaire sur l’Épître aux Hébreux, et son Histoire ecclésiastique. Ce dernier ouvrage, qui parut en 1675, contient plusieurs Idées singulières. on y lit, entre autres, qu’Adam demeura quelque temps en Suède, et fut le premier évêque de ce pays. — Il y a eu en Danemark plusieurs autres savants du nom de Banc, qui ont écrit sur les langues et sur la théologie. C-AU.


BANIER, ou BANER (Jean Gustafson), seigneur de Mulhammar, Norrby, etc., feld-maréchal de Suède, naquit à Diursholm, dans la province d’Upland, en 1596. Son père fut du nombre des sénateurs que Charles IX fit décapiter en 1600, après les avoir accusés, devant les états du royaume, de complicité avec le roi de Pologne. Jean Banier était cependant destiné à devenir l’ami et le compagnon de gloire du fils de Charles, du grand Gustave-Adolphe. Ce prince, une fois monté sur le tronc, continua la guerre que la Suède avait commencée contre la Pologne. Connaissant le mérite de Banier, il l’attacha à sa personne, en le nommant son chambellan, et à son armée, en lui donnant un brevet d’officier de cavalerie ; en 1623, il l’envoya en Livonie, pour s’emparer de Cokenhusen. Cette expédition fut couronnée d’un succès qui justifia le choix du monarque, et qui ouvrit à l’armée suédoise le chemin de la Courlande et de la Livonie. Banier accompagna ensuite Gustave-Adolphe dans toutes ses campagnes contre les Polonais, prit une part glorieuse à toutes les affaires importantes, et obtint le titre de général. Une trêve ayant été conclue en 1629, il retourna en Suède, et fut créé chevalier par le roi, en présence des états. Lorsqu’en 1630 Gustave-Adolphe conduisit son armée en Allemagne, Banier fut du nombre des généraux qu’il choisit pour l’accompagner. À la bataille de Leipsick, il lui confia le commandement de l’aile droite, et fut si satisfait de son intelligence et de son courage, qu’il dit, « qu’après Dieu, c’était à Banier qu’il devait la victoire. » Ce général fut ensuite chargé de faire le blocus de Magdebourg, dont il s’empara. Le roi s’étant porté vers la Bavière, Banier le suivit, prit les villes de Donawerth, Munich, et assista à l’affaire de Nuremberg, où il fut blessé dangereusement. Il resta en Bavière pour y commander une armée pendant l’expédition que Gustave entreprit en Saxe, et qui amena la bataille de Lutzen, Ayant appris la mort du roi, il se joignit aussitôt à l’armée principale, et appuya les opérations du général Horn, qui avait pris le commandement. Lorsque le corps du roi fut conduit en Suède, Banier voulut accompagner ce convoi funèbre, pour revoir sa patrie, et pour rendre un hommage solennel à la mémoire du héros qu’il avait chéri et admiré ; mais le chancelier Oxenstiern, qui appréciait ses talents, le persuada de rester à l’armée ; sa présence et les ressources de son génie devinrent bientôt nécessaires. La bataille de Nordlingen avait été perdue ; Horn était prisonnier de guerre, et les Autrichiens poursuivaient les débris de l’armée suédoise : Banier rassembla les troupes qui étaient restées dant le nord de l’Allemagne, se porta vers Erfurth, et prit une position si avantageuse, qu’il fit échouer les projets des impériaux. Ce fut depuis ce moment surtout qu’il déploya de grands talents militaires, tantôt par des marches savantes, tantôt par des victoires signalées. Après avoir assuré ses communications avec la Baltique, il alla, en 1636, à la rencontre de l’armée ennemie, composée d’impériaux et de Saxons. La bataille s’engagea près de Wittstock, en Brandebourg, et Banier remporta une victoire qui décida de l’issue de cette guerre. Inférieur en forces, mais suppléant au nombre par son courage et la rapidité de ses mouvements, il répandit la terreur parmi les ennemis ; 5,000 Saxons restèrent sur la place ; un grand nombre fut tué en fuyant ; cent cinquante drapeaux, l’artillerie, les munitions et le bagage tomberont entre les mains des vainqueurs. Le bruit de cette victoire s’étant répandu dans l’Europe entière, les armes de la Suède reprirent leur éclat ; les impériaux virent se détacher de leur parti la plupart des princes d’Allemagne, que leurs succès avaient intimidés ; la Hollande et la France firent de nouveaux efforts pour seconder la Suède. Cependant les Autrichiens renforcèrent leurs armées, et Banier eut besoin de toute sa vigilance pour se maintenir dans la situation avantageuse qui avait été le fruit de ses exploits. Une retraite savante à Stettin, et plusieurs batailles, dont celle de Chemnitz fut la plus décisive, lui firent conserver la supériorité. Ayant eu des renforts, il avança en Bohême, et força les ennemis à se jeter dans la forteresse de Prague. Il était à Mersebourg, méditant de nouvelles expéditions, lorsqu’il fut attaqué d’une maladie très-grave, qui lui ôta bientôt la force de s’occuper du commandement. Il se fit conduire à Halberstadt, où il mourut, en 1641. Une année avant, il avait épousé, en troisièmes noces, la princesse Jeanne de Bade, qui lui avait inspiré la plus forte passion. On prétend que l’ardeur avec laquelle il se livra à cette passion abrégea ses jours ; d’autres ont dit que sa mort fut l’effet du poison. Doué des plus heureuses dispositions, formé à la plus savante, école, Banier joignait à une grande intrépidité une connaissance profonde de l’art militaire ; et à la maturité du conseil, la rapidité de l’exécution. On l’appelait le second Gustave ; et il ressemblait à ce prince, non-seulement par les qualités guerrières, mais par les traits du visage. C-AU.


BANIER (Antoine), né à Dalet, village d’Ativergne, le 2 novembre 1673, de parents honnêtes mais assez mal partagés des biens de la fortune, fit ses études au collège des jésuites de Clermont, où il se distingua par une grande facilité et par une mémoire plus étonnante encore. L’éclat avec lequel il soutint ses thèses publiques, à la suite de son cours de philosophie, détermina son père à faire un sacrifice d’argent pour l’envoyer à Paris. La petite somme qu’il avait reçue en partant fut bientôt dissipée ; et n’attendant pas de nouveaux secours de sa famille, il fut obligé, pour subsister, de donner des leçons de latinité et de belles-lettres. Au bout de quelque temps, il entra chez le président Dumetz, comme précepteur de son fils ; et il eut le double bonheur de trouver dans ce jeune homme un sujet digne de ses soins, et