Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 3.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la méthode et de l’ordre. Il aimait à promener son imagination sur tous les objets, sans trop se soucier de leur liaison ; un titre quelconque lui suffisait pour le conduire à parler de tout. » C’est de cette manière qu’il a composé son. Dictionnaire, qu’il appelle lui-même une compilation informe de passages cousus à la queue les uns des autres. Sans vouloir abuser de cet aveu trop modeste, on peut dire que les articles en eux-mêmes sont fort peu de chose, qu’ils semblent n’être que l’occasion, que le prétexte des nombreuses notes qui les accompagnent, et dans lesquelles l’auteur prodigue à la fois les richesses de son érudition et les efforts de sa dialectique. On a regretté que cet ouvrage contînt trop de noms obscurs et pas assez de noms célèbres ; mais il est juste d’observer qu’il a été entrepris principalement pour rectifier ou suppléer le Dictionnaire de Moréri.

La 1re  édition est de 1697, 2 vol. in-fol. ;

la 2e, de 1702, fut aussi faite sous les yeux de Bayle.

La 5e édition, donnée par Prosper Marchand, Rotterdam, 1720, vol. in-fol., est la plus belle. On la recherche pour l’épître dédicatoire au duc d’Orléans, qui ne se trouve que dans quelques exemplaires, et pour l’article DAVID, dont on a placé une seconde leçon à la fin du 2e volume.

Mais cet article se trouve aussi double dans les éditions de 1730, 1734, 4 vol. in-fol. (Cette dernière est la moins estimée, parce qu’elle a été imprimée à Trévoux ) ;

et dans celle de 1740, Amsterdam, vol. in-fol., la plus recherchée des savants, en ce qu’ils la regardent comme la plus complète.

Il existe une édition imprimée à Bâle, 1740, 4 vol. in-fol.

Une édition in-8o a été, dans les derniers temps, commencée à Leipsick. L’ouvrage entier a été traduit en anglais, avec des augmentations considérables, par Th. Birch et Lockman, 1734-41, 10vol. in-fol. Joly a donné, en 1748, 2 vol. in-fol., des Remarques critiques sur le Dictionnaire de Bayle (voy. BONNEGARDE et CHAUFFEPIÉ) (1)[1]. On a publié à la Haye, 1727-31, et 1737, 4 vol. in-fol., les OEuvres diverses de P. Bayle, contenant, outre tous les écrits déjà cités :

1e ce que c’est que la France toute catholique sous le règne de Louis le Grand, espèce de pamphlet contre ces nombreux ouvrages où l’on proclamait la gloire immortelle que Louis XIV s’était acquise en extirpant l’hérésie ;

2e la Cabale chimérique ;

3e la Chimère de la cabale de Rotterdam ;

4e Avis au petit auteur des Petits Livrets ;

5e Nouvel Avis, au même ;

6e Janua cœlorum resecata cunctis religionibus a celebri admodum viro domino Petro Jurieu : ces cinq derniers écrits sont en réponse aux accusations d’irréligion et de félonie politique, intentées par Jurieu ;

7e Réponse aux questions d’un provincial, ouvrage que l’auteur lui-même n’a pu définir, et qui est en effet indéfinissable, attendu que toutes les matières possibles y sont traitées sans ordre, et par chapitres isolés ;

8e Entretiens de Maxime et de Thémiste, ou Réponse à M. Leclerc ;

9e Opus

BAY 545

cules ;

10e Cours de philosophie, en latin, avec une traduction française, imprimée avec un soin remarquable ;

Ile Lettres à sa famille et à ses amis : l’auteur de cet article a vu un recueil de trois cent soixante-trois lettres de Bayle, qui n’ont pas été imprimées. Prosper Marchand a publié à part les Lettres choisies, avec des remarques, Rotterdam, ou Amsterdam, 1729, 3 vol. in-12.

12e Discours historique sur la vie de Gustave-Adolphe. — Desmaizeaux a écrit une Vie de Bayle, en 2 vol. in-12, 1722. « Elle ne devait pas contenir six pages, » a dit Voltaire. Elle est réimprimée dans les éditions du Dictionnaire de 1730, 1734, 1740. L’Histoire de Bayle et de ses ouvrages, Amsterdam, 1716, in-12, publiée sous le nom de la Monnoie, est de l’abbé du Revest. On trouve l’indication de quelques ouvrages de Bayle dans le Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes de Barbier, qui toutefois ne parle pas de la Bibliothèque volante, Amsterdam, 1700-1, 5 parties in-12. C’est un recueil de pièces rares et curieuses (1)[2].

A-G-R.


BAYLE ou BAILLE (Pierre), né à Marseille, d’une famille recommandable dans le commerce, entra de bonne heure au collège de l’Oratoire, où il fit de bonnes études. Il adopta avec beaucoup d’ardeur les principes de la révolution, et fut nommé administrateur du département des Bouches-du-Rhône. Lorsque des troubles éclatèrent à Marseille et à Arles, en 1792, les autorités furent accusées auprès de l’assemblée législative d’avoir au moins toléré ces désordres qu’elles pouvaient réprimer, et les administrateurs du département furent mandés à la barre par un décret, pour y rendre compte de leur conduite. Soutenus par le parti républicain, déjà très nombreux dans l’assemblée, ils n’eurent pas de peine à se justifier, et furent renvoyés à leurs fonctions. Cette circonstance ne fit qu’ajouter à leur popularité, et Pierre Bayle fut nommé député à la convention nationale quelques mois après par le département des Bouches-du-Rhône. Dans le procès de Louis XVI, il commença par s’étonner que l’on pût mettre en doute si ce prince était justiciable de l’assemblée, et demanda que le procès fût terminé dans huit jours. Il se prononça ensuite pour la mort, sans appel et sans sursis à l’exécution ; enfin il vota constamment avec le parti de la montagne. Du reste, il parut rarement à la tribune, et fut envoyé en mission dans le Midi peu de temps après ce mémorable procès. Il se trouvait à Toulon avec son collègue Beauvais, lorsque le malheureux

  1. (1) M. Beuchot a publié une nouvelle édition du Dictionnaire de Bayle avec une préface et des notes, Paris, 1820, 16 vol. in-8o. Cette édition, exécutée avec un soin remarquable et d’un format commode, a eu un grand sucées et a fait tomber la vogue des anciennes. D-R-R.
  2. (1) L’abbé le Marsy a donné une Analyse des œuvres de Bayle, Londres, vol. in-12, à laquelle Robinet a ajouté quatre autres volumes sous le même titre, en 1773. Les principaux ouvrages écrits contre sa doctrine sont : 1e l’Examen du pyrrhonisme ancien et moderne de Crousaz ; 2e Bayle en petit, on Anatomie de ses ouvrages, entretiens d’un docteur avec un bibliothécaire et un abbé, Douai, 1737 ; Paris 1738 (par le P. Lefebvre, jésuite) ; 5e Examen critique de Bayle, 2 parties in-12, Amsterdam, 1747 (par le même) ; 4e Dissertationes Anti-Baetianes tres, Tubingen, 1709, in-4o, par J,-M. Pfaff. Buhle, dans son Histoire de la philosophie moderne, et Dugald Stewart, dans son Histoire des sciences métaphysiques, ont jugé à fond la doctrine de Bayle. Enfin, dans son Histoire de la philosophie du 18e siècle, I. 1er , M. Cousin lui a consacré quelques pages où il est très bien caractérisé comme philosophe. D-R-R.