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Six ans après il obtint la place de médecin de la Charité, puis celle de médecin par quartier de l’empereur Napoléon, et partit en cette qualité pour l’Espagne. De retour en France, il se livra assidûment à la pratique, conservant toujours une tournure simple, qui contrastait avec sa pénétration extraordinaire et sa profonde connaissance des hommes. Il paraissait peu sensible, parce que de bonne heure il avait pris l’habitude de réprimer en lui l’élan de toutes les passions. Une mort prématurée mit fin à sa carrière, le 11 mai 1816. Il était membre de la société royale de médecine de Paris, et associé de celle de Montpellier. Observateur excellent, Bayle fut un de ceux qui apprécièrent le mieux l’importance de l’anatomie pathologique, aux progrès de laquelle il a puissamment contribué, en marchant avec éclat sur les traces de Morgagni. On peut lui reprocher de n’avoir pas mis assez d’attention à observer les causes des maladies et la dépendance mutuelle qui lie les affections morbides les unes avec les autres ; mais, à part ce défaut, il n’est aucune de ses productions qui ne mérite d’être lue et méditée avec attention. Les observations qu’on y trouve consignées sont surtout remarquables par l’extrême exactitude qu’il a mise dans la description des maladies. On y rencontre presque à chaque pas des vues profondes, dont plusieurs sont devenues depuis en quelque sorte vulgaires, mais qu’il a émises le premier. Outre divers articles remarquables insérés dans un des journaux de médecine de Paris et dans le Dictionnaire des sciences médicales, il a publié :

1e Considérations sur la nosologie, la médecine d’observation et la médecine pratique, suivies de l’histoire d’une maladie gangreneuse non décrite jusqu’à ce jour, Paris, 1802, in-8o. Cette maladie est la pustule maligne, qui n’avait point encore été décrite avec soin, et dont Bayle a tracé une excellente monographie.

2e Recherches sur la phthisie pulmonaire, Paris, 1810, in-8o. Cet ouvrage, riche de faits, est une production du premier ordre, qui a établi la réputation de l’auteur sur des fondements solides. Une critique sévère peut y relever des imperfections, des erreurs, même quelques fautes graves, elle peut surtout se plaindre du laconisme avec lequel est traité tout ce qui concerne les indications curatives ; mais elle doit convenir aussi que nulle part on n’a mieux décrit les traces cadavériques des maladies, ni mieux fait connaître leurs connexions avec les symptômes capables d’en révéler l’existence pendant la vie des malades[1].

J-D-N.


BAYLEY (Anselme), théologien anglican du 18e siècle, est auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels on cite les suivants : 1o Grammaire hébraïque sans points et avec des points ; 2o l’Ancien Testament en anglais et en hébreu, avec des remarques critiques et grammaticales, 4 vol. in-8o ; 3o Union de la musique et de la poésie ; 4o Traité pratique sur l’art de chanter et de jouer des instruments ; 5o une grammaire anglaise ; 6o Institutions, Règlements et

III.

BAY 545

Statuts religieux pour les églises juive et chrétienne. A. Bayley mourut en 1794. ― Nicolas BAYLEY est auteur d’un dictionnaire très estimé en Angleterre, qui a été réimprimé à Londres en 1764 en 1 gros vol. in-fol., avec des gravures et des additions considérables, par J.-N. Scott, sous ce titre : New etymological english Dictionary.

X-s.


BAYLY (Louis), que certains biographes appellent par erreur Batnsv, prélat anglais du 17e siècle, né à Cacrmarthen, ville du pays de Galles, étudia à Oxford, et fut successivement ministre d’Evesbam dans le comté de Worcester, vers l’an 1611, chapelain de Jacques Ier, et évêque de Bangor, en 1616. Il jouissait d’une grande réputation comme prédicateur ; mais il est encore plus célèbre comme auteur d’un livre intitulé : la Pratique de piété, réimprimé pour la cinquante-neuvième fois en 1751, in-8o, traduit en langue galloise, et, en 1633, en français. Ce livre jouissait en Angleterre d’une telle réputation, qu’un prédicateur se plaignit de ce que, parmi le peuple, il était généralement considéré comme une autorité égale à la Bible. On a cru découvrir dans cet ouvrage quelques principes de puritanisme, qui, singuliers sous la plume d’un évêque, ont fait soupçonner Bayly de n’en être pas réellement l’auteur ; mais ce soupçon paraît dénué de fondement. On ignore pour quel motif ce prélat fut, le 15 juillet 1621, enfermé dans la prison nommée the Fleet, à moins que ce ne fut pour avoir en peut-être quelque part aux représentations du parlement contre le mariage projeté du prince Charles avec l’infante d’Espagne : quoi qu’il en soit, il ne semble pas que sa détention ait été longue, ni que cette affaire ait eu pour lui aucune suite. Il mourut en 1632.

X—s.


BAYLY (Thomas), fils du précédent, fit ses études à Cambridge avec beaucoup de distinction, et devint sous-doyen de Well. Pendant la guerre civile, il se retira à Oxford, où il reprit ses études, et reçut le bonnet de docteur en théologie. Bayly était zélé partisan de la cause royale ; il suivit Charles Ier à l’armée, et se trouva au château de Ragland, lorsque ce malheureux prince y fut reçu par le marquis de Worcester, après la funeste bataille de Naseby, en 1646. Chargé de dresser les articles de la capitulation de ce château, il en sortit pour aller voyager en Flandre et en France. Son séjour dans ces deux pays lui fournit l’occasion d’examiner à fond la religion catholique, et il finit par l’embrasser. Sous le protectorat, il composa, sur les systèmes et les plans des républicains, des pamphlets qui firent beaucoup de sensation : ils étaient intitulés Bibliotheca regia. On le reconnut pour en être l’auteur, et il fut confiné a Newgate, ce qui ne l’empêcha pas de continuer d’amuser le public par de nouveaux pamphlets, aux dépens des révolutionnaires. Ce fut pendant sa détention qu’il répandit un autre ouvrage, intitulé la Fleur des murailles, par allusion aux murs de sa prison, espèce de roman entremêlé de traits piquants sur les affaires publiques. Bayly ayant trouvé le moyen de s’évader se réfugia en Italie, s’y attache au cardinal Ottoboni, nonce lt Ferrare, où il mourut

  1. (1) Bayle s’était occupé depuis longtemps de rassembler les matériaux d’un grand ouvrage sur les maladies cancéreuses qui doit, dit-on, être publié par son neveu, M. le docteur Bayle. D-R-E.