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cusation Wimpfen et Custine ; déclarer Paoli traître à la patrie ; ordonner l’incendie des lieux occupés par les Vendéens, l’abattis de leurs forêts, la destruction de leurs récoltes, la confiscation de tous leurs biens, la levée en masse au son du tocsin de tous les citoyens, depuis l’âge de seize ans jusqu’à celui de soixante (1er août) ; puis, le même jour, faire adopter une manifeste contre l’Angleterre, prononcer l’expulsion de tous les Bourbons, l’envoi au tribunal révolutionnaire de Marie-Antoinette ; la réduction au strict nécessaire de la dépense pour l’entretien et la nourriture des deux enfants de Louis Capet, enfin la destruction de tous les tombeaux des rois. Lors de l’ncendie de l’arsenal d’Huningue, il en accusa les agents de Pitt, fit décreter la peine de mort contre tout homme déguisé en femme ou trouvé en fausse patrouille ; convertir en greniers d’abondance les châteaux et palais des féroce émigrés, et accorder 100 millions pour la subsistance du peuple (9 août). La réquisition de dix-huit à ving-cinq ans fut ensuite (1 4) votée sur son rapport. Le 5 septembre, il annonça la fermeture du théâtre de la Nation, qui, ajouta-t-il, n’était rien moins que national, et arrestation des acteurs, ainsi que de François de Neufchâteau, auteur de Paméla, piéce, selon lui, toute en faveur des aristocrates et dont le principal vice était le modérantisme. Le surlendemain, il fit décréter la création d’une armée révolutionnaire et adjoindre Billaut-Varennes et Collot d’Herbois au comité de salut public. Jamais son langage n’avait été si violent. Après avoir dénoncé les menées de l’étranger et des aristocrates pour amener un mouvement dans Paris : "Eh bien, s’écriait il, ils l’auront ce mouvement ! ils l’auront, mais organisé, régularisé par une armée révolutionnaire qui exécutera enfin ce grand mot qu’on doit à la commune de Paris : Plaçons la terreur à l’ordre du jour ! C’est ainsi que disparaîtront en un instant les royalistes et les modérés, et la tourbe contre-révolutionnaire qui vous agite. Les royalistes veulent du sang ; en bien, ils auront celui des conspirateurs, des Brissot, des Marie-Antoinette," etc. Quelques jours après il fit régulariser le décret proposé par Danton, tendant à salarier les artisans qui assisteraient aux assemblées des sections. Le 17, il demanda la peine de mort contre les alarmistes, et la déportation de tout individu qui, depuis le 10 août 1791, ne se serait pas montré ami du gouvernement républicain. Cependant des accusations s’élevèrent dans la convention contre le comité de salut public, au sujet de la situation critique de la frontière du Nord. Barère répondit (25 septembre) à ces inculpations en récriminant contre la commune de Paris. Le 15 oclobre, il fit décréter la création d’une commission extraordinaire pour juger militairement les rebelles contre-révolutionnaires de Lyon, le désarmement de ses habitants, la démolition de toutes les maisons habitées par les riches, l’abolition du nom de cette ville, qui fut changé en celui de Commune affranchie. Le lendemain, il annonça la destruction de tous les ennemis de la république, puisque Marie-Antoinette, cette femme scélérate, allait expier ses forfaits. Ce fut encore lui qui, après l’exécution de cette princesse, s’écria : "La guillotine a coupé là un puissant nœud de la diplomatie des cours de l’Europe !" Malgré tous ces gages révolutionnaires, il fut dénoncé aux jacobins par Saintex : et Dufourny. Ces attaques avaient moins pour objet Barère lui-même, que d’entamer le comité de salut public qui pesait alors de toute sa puissance sur les dantonistes et les hébertistes. Aussi Robespierre fit-il écarter l’accusation. "Barere, dit-il à cette occasion, a des torts qui tiennent à son caractère, mais il les a réparés, et sert bien sa patrie au comité. Barére connaît tout, il sait tout, il est propre à tout." La prodigieuse facilité du député des Hautes-Pyrénées étonnait ses collègues du comité. Ils en faisaient même un objet de plaisanterie qu’autorisait la lâcheté de son caractère : Tiens, Barére, rapporte, lui disaient-ils, comme s’ils eussent parlé à un chien, en jetant sur le bureau les pièces d’un rapport. Cependant Barere, insensible à tout pourvu qu’il sauvat sa téte, ne laissait échapper aucune occasion, même la plus indifférente, de faire montre de patriotisme. Dévoué de plus en plus à la montagne, il fit, vers ce temps-la (22 novembre), rapporter le décret qui donnait a un député le droit d’être entendu par l’assemblée avant d’être décrété d’accusation. Le 25, à la suite d’un rapport circonstancié sur la situation militaire de la république, il fit concentrer toute l’action du gouvernement entre les mains du comité de salut public, mais s’opposa prudemment in ce qu’on lui donnåt le titre de comité de gouvernement. À propos d’un réquisitoire du procureur de la commune de Paris, Hébert, il fit défendre à toute autorité constituée de convoquer et de réunir les comités révolutionnaires. C’est dans le même esprit gouvernemental que, de concert avec Robespierre, il s’opposa à la suppression des ministres. Le 23 décembre, en annonçant la reprise de Toulon, il fit décréter que l’armée avait bien mérité de la patrie, qu’il serait célébré une fête nationale pour cet événement, que la ville prendrait le nom de Port la Montagne, etc ; en enfin il fit l’éloge de la conduite des forçats pendant le siége. Le 22 janvier 1794, il s’éleva contre les partisans de la paix : "Lorsque les républicains ont formé quinze armées, dit-il, il n’y a ni paix, ni trêve, ni amnistie, ni aucun traité à faire avec les despotes ;" puis il déclara que la république n’avait pas besoin pour exister d’être reconnue par les étrangers ; que sa destinée l’appelait à ne reconnaître les autres gouvernements que provisoirement. Le 6 mars, il signala les conspiration de l’étranger, et, pour première application de ce système d’accusation, donna, quelques jours après, des détails sur la conspiration d’Hébert et de ses partisans, fit successivement plusieurs rapports à ce sujet, annonça l’arrestation des conjurés, et dit que le glaive de la loi ne tarderait pas à frapper les coupables. Il provoqua ensuite la suppression de l’armée révolutionnaire dont le chef, Ronsin, venait de périr sur l’échafaud avec Hébert. Après cela, Danton, désigné aussi par Robespierre comme agent de l’étranger, fut arrêté le 31 mai ; le lendemain, Barere s’opposa a ce qu’il fut entendu à la