Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 4.djvu/148

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BER tiotmel étaient si vague, si peu probantes, qu’à la longue elles durent lui déplaire à lui-même. Lavoisier, d’ailleurs, ne cessait de les combattre avec la plus grande modération, mais avec une dialectique vigoureuse. Mesurant déjà la portée de cet esprit élevé, Lavoisier cherchait a le convaincre plutôt qu’à le vaincre, et même, a diverses reprises, il lui donna des conseils d’ami. Distillant de l’esprit de vin sur des alcalis fixes, Berthollet avait obtenu un peu d’alcali volatil ; et de ce fait mal vu, quoiqu’il l’eût souvent renouvelé, il avait déduit sur l’origine de cette substance un système complètement éloigné du vrai. Lavoisier, dans son rapport sur ses expériences (1778), engagea le jeune auteur à différer la publication de son mémoire. Berthollet se montra docile, et ce fut pour lui un grand bonheur. Quelques années plus tard, il découvrit la véritable composition de l’alcali volatil ; et il est présumable qu’une fois engagé dans une fausse route par la publication de ses recherches, il y eût persévéré par vanité, ou que du moins il lui en aurait couté beaucoup pour en sortir. Berthollet termina l'année 1782 par la lecture de ses Observations sur la disposition spontanés de quelques acides végétaux (18 décembre), et signala le cours de la suivante par deux mémoires, l’un sur la Différence du vinaigre radical et de l’acide acéteux, l’autre sur la Préparation de l'alcali caustique, sa cristallisation et son action sur l'esprit de vin. L’année 1784 fut pour lui un temps de silence, mais non un temps d’inaction. C’est alors sans doute qu’altérant de plus en plus le système du phlogistique, pour le faire coïncider avec les faits nouveaux, il en vint à s’apercevoir que des modifications si graves, au dire du maître, étaient en définitive des infidélités, des contradictions formelles, et que son établisme mitigé était plus loin de Stahl que de Lavoisier. Il se rendit alors avec d’autant plus de conviction, qu’il avait la conscience d’avoir tout fait pour étayer l’édifice lézardé de toutes parts ; et la séance publique de l’académie des sciences, le 6 avril 1785, le vit faire son abjuration en même temps que lire son Mémoire sur l'acide marin déphlogistiqué; abjuration tardive, mais complète, mais solennelle, et qui, avec la mort récente de Bergman, porta le dernier coup au phlogistique, et entraina tous les chimistes. La même année 1785 plaça Berthollet au premier rang, tant par le nombre que par l’importance des documents qu’il mit au jour. C’est alors que le Mémoire sur l'analyse de l'alcali volatil, analyse dont il a été parlé plus haut, fut lu à l’académie ; c’est alors que la Suite des Recherches sur la nature des substances animales et sur leur rapport avec les substances végétales, ou Recherches sur l'acide du sucre, vint prouver que l’azote est le caractère essentiel des substances animales, et compléter ainsi le nouveau système chimique. N'oublions ni les Observations sur l’eau régale et sur quelques affinités de l'acide marin, ni celles sur la combinaison de l'air vital avec les huile, ni enfin le Mémoire sur la décomposition de l'esprit de vin et de l’éther par l'air vital, qui tous aussi se rapportent à la date de 1785. L’année suivante est moins remarquable peut-être par Mémoire

BER H5 sur le kr considéré dans ses différents états métalliques (par Berthollet, Vandermonde et Monge), par l’article de l’In/luenee ds la lumière (lu à la faculté· de médecine, 15 juillet), par la Lettre ti M. de la Métherie sur la décomposition de l’eatt, par les Notes sur l’analyse du sable vert cuivreua : du Pérou, rapporté par Dombey, que par la participation de Berthollet à la nouvelle nomenclature chimique nécessitée par la réforme qui venait de s’opérer dans les bases de la science. Guyton de Morveau, qui le premier avait conçu l’avantage et l’urgence de cette langue analytique, et qui en avait fait approuver le ’ principe par Bergman et par Buffon, se rend à Paris à la fin de 1786. Il trouve Berthollet et Lavoisier dans les mêmes dispositions que lui sur son plan favori, la refonte de la terminologie scientifique : tous trois y u-av aillent de concert. À ce triumvirat s’adjoint Foureroy ; et., en 1787, le magistrat et les trois académiciens portèrent leur œuvre à l’acadé· mie. On sait avec quel enthousiasme et les savants et le public accueillirent cette nomenclature si philoso«· phique, qui non-seulement simplifiait un langage jusque-là aussi compliqué que puéril ou burlesque, mais encore, à l’aide de quelques finales changeantes et de légères modifications dans la structure intérieure des mots, donnait aux noms des corps, tant simples que composés, une espèce d’affinité artificielle qui semble un reflet des affinités naturelles, et mettait par ces variations seules sur la voie de la véritable composition des uns, de la principale propriété des autres. Toutefois nulle œuvre humaine n’est parfaite. À Comparé au langage extravagant que la chimie avait hérité de l’art hermétique, dit «.M. Cuvier, ce nouvel idiome fut un service réel a rendu à la science, et contribua à accélérer l’a• doption de nouvelles théories. On ne lui reproa chere pas sans doute de n’avoir pu exprimer que et ce que l’on savait quand on le créa, et d’avoir été sujet, encore plus promptement qu’aucune autre langue, à de grandes mutations : ce sont des inet convénients communs aux langages les mieux faits. et Mais on se demande pourquoi l’on y manqua, sur quelques points déjà bien connus, aux principes e que l’on avait posés ; pourquoi l’on donna un nom a simple à Pammoniac, pourquoi l’acide nitrique ne reçut pas le nom d’azotique ? Et l’on ne peut s’empêcher de voir encore ici un effet de la moa destie de Berthollet et du peu d’insistance qu’il a mettait à faire prévaloir les choses auxquelles il avait le plus de part. » En revanche, on sait que trois corps, ou simples, ou réputés simples, puisque jusqu’ici rien ne les décompose ; Poxygènc, l’hydrogène, l’a ; ote, ont reçu des noms composés. C’est Bergman qui dès l’origine avait proposé ce principe si peu rationnel de désigner les corps simples par des noms empruntés de leurs propriétés essentielles. Encore le principe fut-il assez malheureusement appliqué. Azote peut signifier aussi bien a sans lequel on ne peut vivre a que u ce qui ôte la vie ; a Phydrogëne d’en gendre pas plus l’eau que Poxygéne, et ce dernier, on le sait trop maintenant, n’est pas l’unique génératetu des acides. Chaptal ; en Francs ;