Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 4.djvu/345

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uo u Bm L instituées en France. Les Églises protestantes donnèrent des regrets à sa mémoire, et il fut reconnu par des coreligionnaires que depuis la mort prématurée du baron Auguste de Stael, le protestantisme eu Rance n’avait pas éprouvé une perte plus sensible. D-n-n.

BILLINGSLEY (sir Hmvnr), mathématicien et lord-maire de Londres sous le règne d’Elisabeth, avait pour père un Roger Billingsley de Canterbury, ne très-médiocre naissance. Cependant il fut placé a l’université d’Oxford, et là il inspira de l’attachement à un ex-augustin de la ville, Whitehead, mathématicien profond pour l’époque où il vivait. Les parents de Billingsley, ne se souciant pas qu’il parcourùt la carrière des sciences, le mirent en apprentissage chez un armurier. Effectivement il eut été difficile que les travaux littéraires ou scientifiques auxquels il s’initiait à Oxford lui valussent jamais autant d’avantage que le commerce. La fortune de Billingsley finit par être une des plus considérables de Londres : il fut successivement nommé shérif, alderman, membre de la commission des douanes, et enfin en 1597 lord-maire de cette capitale. À ces dignités municipales, il joignit par la faveur de la cour celle de chevalier (knight). Ses richesses et ses honneurs ne l’empêchèrent point de se livrer à ses premiers goûts. Il retira chez lui Whitehead que la suppression des maisons religieuses sous Henri VIII avait rendu à un état précaire ; il continua sous ce maître de ses jeunes années l’étude des mathématiques, hérita de ses manuscrits et de tous ses papiers. Parmi ceux-ci étaient des notes sur Euclide ; Billingsley rendit un dernier hommage à la mémoire de son ami en les publiant à la suite d’une traduction d’Euclide dont lui-même citait l’auteur, sous ce titre : The Elements of géometry of the most ancient philosopher Euclide of Mcgara, faithfully translates into the English tongue, etc., Londres, 1570, in-fol. Cette traduction est précédée d’une longue et savante préface du docteur John Dee. Billingsley mourut dans un âge très-avancé, le 22 novembre 1606. Il était un des premiers membres de la société des antiquaires. VAL. P.

BILLINGTON (Enrsanern Wsrcscnsm., plus connue sous le nom de mistriss), la plus célèbre cantatrice de l’Angleterre et peut-être de son siècle, naquit à Londres, en 1769, s’il faut en croire ses propres assertions ; mais comme le dépouillement des regist1·es de cette année n’y a point fait découvrir son nom, les biographes se sont permis de voir dans Pindication de mistriss Billington une de ces fautes chronologiques qu’il faut pardonner aux femmes. Les Anglais, auxquels on a souvent reproché une organisation antimusicale, se sont plu à citer mistriss Billington comme un argument irrésistible de l’injustice de cette imputation. La réponse n’est pas complètement péremptoire, car l’illustre cantatrice n’était Anglaise que par le lieu de sa naissance ; son père et sa mère étaient Allemands, et tous deux avaient parcouru la carrière musicale avec assez d’éclat. Le premier, quoique ayant des prétentions à une noble ascendance, et quoique son frère rem BIL pllt les fonctions de juge provincial à Erbach, était musicien de profession et passait pour un instrumentiste distingué. Madame Weicschell était, sans contredit, une des cantatrices les plus habiles de son temps. Elève favorite de Jean-Chr. Bach, qui parut en Angleterre en 1765, elle se fit entendre dans plusieurs des concerts auxquels préside ce maître, puis fut engagée à l’orchestre du Wauxhall comme première chanteuse. Pour elle fut composé, entre autres chants, le célèbre rondo In this shadg blest retreet. Un fils et une fille naquirent de ce couple musical, et tous deux, chacun dans son genre, étaient destinés à surpasser leurs parents. Beaucoup plus jeune que sa sœur, Charles Weicschell devait plus tard l’accompagner sur le continent, et, par le choix des morceaux qu’il exécutait sur le violon tandis que celle-ci chantait, contribuer encore à ses succès età sa réputation. Quant à Elisabeth, ses dispositions pour l’art auquel se livraient ses parents se manifestèrent des l’âge le plus tendre. Son père lui en enseigna les premiers principes, et fut seconde par son compatriote, le virtuose Schrœter. Ce qui pour les commençants ordinaires est une tâche pénible n’était pour elle qu’un passe-temps. Lepiano était son jouet favori ; et elle s’en occupait avec une telle assiduité qu’elle eut bientôt acquis sur cet instrument une y force remarquable. À peine âgée de sept ans, elle H exécutait des concerto sur le petit théâtre de Haymarket, et quatre ans plus tard elle commençait à 1 joindre au talent de l’exécutant celui de la composi·, tion. Cette précocité, la conscience de ses talents, lui faisaient supporter avec impatience le joug de l’autorité paternelle ; et, pour s’affranchir de cette tutelle, elle accorda sa main, contre le vœu bien prononcé de ses parents, à un musicien du théâtre de Drury-Lane, Jean Billington, qui était fort pauvre. La lune de miel passa bien vite, et le nouveau couple abandonna la Grande-Bretagne pour chercher fortune en Irlande, tandis que tant d’Irlandais vont la demander à l’heureuse lle, leur voisine. Peu de temps après, mistriss Billington parut pour la première fois sur le théâtre de Dublin. Ses débuts firent une sensation prodigieuse ; et bientôt le nom de mistriss Billington fut proclamé par la renommée jusque dans cette Grande-Bretagne qu’elle venait de quitter et qui voulut la revoir. Engagée au théâtre de Covent-Garden, à Londres, elle y débuta en 1785, dans la pièce de l’Amour au village, qui avait été commandée par la cour, et surpassa les espérances de ses amis et les éloges de ses admirateurs. Dès lors elle fut placée au nombre des premiers talents. Jalouse pourtant de se perfectionner encore, elle se rendit l’été suivant à Paris, où elle se fit l’élève du compositeur napolitain Sacchini, qu’elle vit en quelque sorte mourir. Revenue en Angleterre, elley suivit avec le même succès la carrière dans laquelle elle s’était engagée : le théâtre de Covent-Garden lui dut constamment d’énoi-mes recettes. Elle-même se fût trouvée en peu de temps fort riche, si elle n’eût été à cette époque aussi prodigue de guinées et de banknotes que prompte à les gagner. Ses dépenses extravagantes ne furent pas le seul tort qu’ou lui