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séus. Comme tout ce qu’a écrit Clavier, elle est exacte, fidèle ; les artistes et quiconque veut étudier l’histoire de l’art ne sauraient s’en passer. Les notes qui l’accompagnent, mais qui ne sont point aussi nombreuses qu’elles l’eussent été sans la prompte mort du traducteur, éclaircissent beaucoup de difficultés relatives, les unes au texte même, les autres au sens, que rendent parfois incertains les détails techniques d’un auteur que beaucoup d’hellénistes regardent comme le plus difficile des écrivains grecs, d’autres enfin à l’histoire politique et à l’histoire de l’art : ces notes étaient indispensables ; nul ancien n’a plus que Pausanias besoin d’un bon commentaire.

5° Des éditions de l’Exposition de la doctrine de l’Église gallicane, par Dumarsais, et des Libertés de l’Église gallicane, par P. Pithou, 1817, in-8o.

6° Divers mémoires lus à l’Institut, et imprimés dans le recueil de l’académie des inscriptions, entre autres : Dissertation sur l’oracle de Dodone (fort recommandable sous les rapports historique, physiologique et politique : Clavier s’y préserve de l’opinion, jadis en vogue, qui voulait ne voir dans les oracles que fraudes et jongleries sacerdotales) ; — Histoire de la famille athénienne des Callias ; — sur l’Époque précise d’Apollodore, tyran de Cassandrée.

7° Dans le Magasin encyclopédique, une Dissertation sur l’état de la législation chez les anciens, relative à l'avortement.

8° Plusieurs articles dans la 1re édition de la Biographie universelle. Le nouveau recueil de l’académie des inscriptions, t. 7, contient une notice sur Clavier. Val. P.


CLAVIÈRE (Étienne de) ; en latin, CLAVERIUS et CLAVIGER. La Bibliothèque historique de France l’appelle CLAVIER ; mais c’est une erreur. La préface de la Figure emblématique, .etc., de notre auteur est signée Étienne de Clavière. Il naquit à Bourges, vers le milieu du 16e siècle, et fut longtemps principal du collège de Sens. Ayant séduit une demoiselle de cette ville, il en eut plusieurs enfants, et comme les émoluments de sa place ne suffisaient plus pour soutenir une famille si nombreuse, de Clavière vint à Paris, et après avoir épousé publiquement sa concubine, il étudia le droit, soutint avec honneur ses examens, et devint avocat au parlement de Paris. Il y mourut, le 21 avril 1622. Colletet, qui nous donne ces détails, fait en même temps l’éloge de Clavière sous le rapport de l’esprit et des connaissances. Le plus connu des ouvrages de ce savant est son édition de Claudien, Paris, 1602, in-4o. Les notes qu’il y a jointes ne sont pas sans mérite, mais le style en est souvent de fort mauvais goût. Elles ont été réimprimées dans le Claudien de Burmann. On a encore de lui :

1° une édition de Perse, avec un long commentaire, qu’il assure n’être qu’un abrégé d’un travail beaucoup plus étendu, Paris, 1607, in-8o.

Juvenalis Periphrases prope œnigmaticæ a S. Claverio enodatæ, Paris, 1607, in-8o. Ce petit ouvrage contient l’explication de quatre passages difficiles de Juvénal.

Figure emblématique en trois langues, et seulement en une visible de soi, etc., Paris, 1607, in-8o. Le contenu du livre n’est pas plus clair que le titre. C’est un éloge du roi, de la reine, du dauphin, du duc d’Orléans. Cet éloge est compris dans un carré qui a trente-cinq lettres en tous sens ; et ces lettres, disposées d’après des combinaisons bizarres, forment, selon l’ordre dans lequel on les prend, des phrases françaises, latines et grecques. À la suite de cette énigme laborieuse et puérile, on trouve un Panégyrique (en vers français) à la clémence et prospérité du roi très-chrétien, et des préceptes pour l’instruction d’un prince.

Floridorum liber singularis, unde pleraque, etc., Paris, 1621, in-8o. Clavière y traite des antiquités de la France et de celles du Dauphiné. Ce livre est un tissu de paradoxes et de fables, parmi lesquelles se trouvent quelques détails curieux.

Panegyricus in adventum Andreæ Fremiotti, Bourges, 1604, in-4o. André Frémyot était archevêque de Bourges, et oncle de la mère de Chantal, aïeule de madame de Sévigné.

Relatio totius Galliarum cleri nomine habita coram Henrico IV, Paris, 1608, in-4o ; c’est la traduction d’un discours français de l’archevêque de Bourges.

De Cœde nefaria Henrici Magni, Paris, 1610, in-8o.

Ceres legifera, etc., Paris, 1619, in-4o, poëme dans le style de Claudien, et destiné à servir de supplément au Raptus Proserpinæ de cet auteur. Clavière y a joint douze inscriptions y latines qu’il a faites, en 1611, pour la statue équestre de Henri IV.

9° Des notes sur Martial, dans l’édition de Paris, 1617, in-fol.

10° Une lettre latine à Joseph Scaliger, dans le t. 2 du recueil de Burmann, p. 346. Cette lettre accompagnait le manuscrit d’une vie de Cujas, qu’il voulait soumettre a la critique de Scaliger. Nous ne pensons pas que cette vie ait jamais été publiée. Clavière avait annoncé plusieurs autres ouvrages qu’il n’a point donnés, au sujet desquels on peut voir la préface de Burmann sur Claudien. Au reste, nous croyons que Burmann se trompe, quand il s’imagine que Clavière voulait faire une édition des Panegyrici veteres. Clavière dit, il est vrai, à Scaliger qu’il a le projet de joindre à sa vie de Cujas, Panegyricos et elegias cum aliquot epigrammatis, libello, si ita res ferat, singulari ; mais il parait évident qu’il s’agit des panégyriques composés par Clavière lui-même, de ses élégies et de ses épigrammes ; et effectivement Clavière les a publiées sous ce titre : Panegyrici, Elegiæ et Epigrammata, e pluribus aliis delibata, Paris, 1607, in-8o. Le catalogue (imprimé) de la bibliothèque du roi met cet ouvrage sous la date de 1597 ; faute d’impression répétée par Adelung, dans son Supplément au Dictionnaire de Jœcher. B-ss.


CLAVIÈRE (Étienne), naquit le 21 janvier 1735, à Genève, où il fut banquier. Ce petit pays, rempli d’hommes à talents, était alors une sorte d’école de politique, où chacun dissertait et écrivait sans cesse sur la meilleure manière de constituer les États et de gouverner les peuples. On sait quelle fut dans le 18e siècle l’influence des écrivains de Genève sur les opinions des Français. Clavière prit une part très-active aux débats qui agitaient sa patrie, et en fut expulsé à la suite des troubles qu'entraînent ordinairement de pareilles discussions. Il vint se réfugier à Paris, où il s’occupa d’abord d’opérations