Page:Michel - Prise de possession.djvu/32

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La scène dans Prométhée s’ouvre sur une idée moderne, le pouvoir pressant le supplice de celui qui a doté les hommes du feu.

La force dans Eschyle est muette, le pouvoir est comme aujourd’hui impitoyable dans sa terreur.

« Frappe, dit-il à Vulcain, frappe encore, ne laisse rien de lâche dans les liens ; il est capable de se tirer des pas les plus difficiles..... Je vois un coupable justement puni, mais passe des sangles autour de ses reins !

« Cloue lui aux pieds des entraves qui pénètrent dans les chairs, n’oublie pas que ton ouvrage est sévère.

« La fermeté de Prométhée n’est pas moins grande que celle des Spres des poisons. »

Sommes-nous plus avancés qu’au temps d’Eschyle, non ! C’est le même principe, la force, seulement c’était alors le matin et c’est maintenant le soir ; le soleil se couche sur le pouvoir, sur la force, sur les misères éternelles.

Aujourd’hui encore, le charnier c’est la terre toute blonde d’épis toute pleine d’êtres subissant ou donnant la mort quand tout déborde de vie.

Oui c’est bien la même chose que toujours, mais c’est bien le soir.

Et sous le soleil de demain, les cris des misérables ne frapperont plus le ciel sourd, la révolte comme la tempête aura passé.

Personne au monde ne peut rien à dénouer la situation présente.

Personne mais tout c’est la fin.

Les urnes ont assez vomi de misères et de hontes.

Au vent les urnes, place à la sociale !

Le monde à l’humanité.

Le progrès sans fin et sans bornes.

L’égalité, l’harmonie universelle pour les hommes comme pour tout ce qui existe.