Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/17

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vent maintenant bien ensemble ; le pacte s’est fait tacitement entre la mort et le vide.

Ce qu’on fait dans ces séminaires, si bien fermés contre la loi, on ne le sait guère que par la nullité des résultats. Ce qu’on en connaît aussi, ce sont leurs livres d’enseignement, livres surannés, de rebut, abandonnés partout ailleurs, et qu’on inflige toujours aux malheureux jeunes prêtres[1]. Comment s’étonner s’ils sortent de là aussi étrangers à la science qu’au monde. Ils sentent dès le premier pas qu’ils n’apportent rien de ce qu’il faudrait ; les plus judicieux se taisent ; qu’il se présente une occasion de paraître, le jésuite arrive, ou l’envoyé des jésuites, il s’empare de la chaire ; le prêtre se cache.

Et ce n’est pourtant pas le talent qui manque, ni le cœur… Mais que voulez-vous ? tout est aujourd’hui contre eux.

  1. Au grand péril de leur moralité ; j’admire tout ce que ces jeunes prêtres, élevés dans cette casuistique, conservent encore d’honnêteté. — « Mais ne voyez-vous pas, dit un évêque, que ce sont des livres de médecine. » … Il y a telle médecine qui est infâme, celle qui, sous prétexte d’une maladie, aujourd’hui oubliée (ou même imaginaire et physiquement impossible), salit le malade et le médecin… L’assurance cynique qu’on met à défendre tout cela, doit faire sentir combien la loi devrait surveiller ces grandes maisons fermées, où personne ne sait ce qui se passe… Certains couvents se sont transformés en maisons de correction.