Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/19

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examinons de quel côté tournera cette personne rêveuse, qui arrive sur la grande place, et qui semble hésiter encore… À gauche, c’est la paroisse ; à droite, la maison des Jésuites.

D’un côté, que trouverait-elle ? un homme honnête, homme de cœur peut-être, sous cette forme raide et gauche, qui travaille toute sa vie à étouffer ses passions, c’est-à-dire à ignorer de plus en plus les choses sur lesquelles on viendrait le consulter… Le jésuite, au contraire, sait d’avance ce dont il s’agit, il devine les précédents, trouve sans difficulté la circonstance atténuante, il arrange la chose du côté de Dieu, parfois du côté du monde.

Le prêtre porte la Loi et le décalogue, comme un poids de plomb ; il est lent, plein d’objections, de difficultés ! Vous lui parlez de vos scrupules, et il lui en vient encore plus ; votre affaire vous semble mauvaise, il la trouve très-mauvaise. Vous voilà bien avancé… C’est votre faute. Que n’allez-vous plutôt dans cette chapelle italienne ? chapelle parée, coquette ; quand même elle serait un peu sombre, n’ayez pas peur, entrez, vous serez rassuré bien vite, et bien soulagé… Votre cas est peu de chose ; il y a là un homme d’esprit pour vous le prouver. Que parlait-on de la Loi ? La Loi peut régner là-bas, mais ici règne