Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/24

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Qu’on nous trouve une œuvre riche où ils n’aient aujourd’hui la principale influence, où ils ne fassent donner comme ils veulent, à qui ils veulent. Il a bien fallu dès lors que toute corporation pauvre (missionnaires, picpus, lazaristes, bénédictins même), allât prendre chez eux le mot d’ordre. Et maintenant tout cela est comme une grande armée que les jésuites mènent bravement à la conquête du siècle.

Chose étonnante, qu’en si peu de temps on ait réuni de telles forces ! Quelque haute opinion qu’on aie de l’habileté des jésuites, elle ne suffirait pas à expliquer un tel résultat. Il y a là une main mystérieuse… Celle qui, bien dirigée, dès le premier jour du monde, a docilement opéré les miracles de la ruse. Faible main, à laquelle rien ne résiste, la main de la femme. Les jésuites ont employé l’instrument, dont parle saint Jérôme : « De pauvres petites femmes, toutes couvertes de péchés ! »

On montre une pomme à un enfant pour le faire venir à soi. Eh ! bien, on a montré aux femmes de gentilles petites dévotions féminines, de saints joujoux, inventés hier ; on leur a arrangé un petit monde idolâtre… Quels signes de croix ferait saint Louis, s’il revenait et voyait ?… Il ne resterait pas deux jours. Il aimerait mieux retourner en captivité chez les Sarasins.