Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/30

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j’avais mis ce que nul homme vivant n’y mit au même degré. — Il ne s’agit pas de talent, d’éloquence, en présence de tel de mes amis que tout le monde nomme ici. — Il ne s’agit pas de science, à côté de cette divination scientifique, à laquelle l’Orient vient redemander ses langues oubliées.

Il s’agit d’une chose, imprudente peut-être, mais dont je ne puis me repentir, de ma confiance illimitée dans cette jeunesse, de ma foi dans l’ami inconnu… C’est justement cette imprudence qui a fait la force et la vie de mon enseignement, c’est ce qui le rend plus fécond pour l’avenir que tel autre, qui fut supérieur.

Arrivé tard dans cette chaire, et déjà connu, je n’en ai pas moins étudié, par-devant la foule. D’autres enseignaient leurs brillants résultats, moi mon étude elle-même, ma méthode et mes moyens. Je marchais sous les yeux de tous, ils pouvaient me suivre, voyant et mon but, et l’humble chemin par lequel j’avais marché.

Nous cherchions ensemble ; je les associais sans réserve, à ma grande affaire ; nous y mettions l’intérêt passionné qu’on met dans les choses vraiment personnelles… Nulle gloriole, rien pour la vaine exhibition. L’affaire était trop sérieuse. Nous cherchions pour la