Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/42

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Dans les dix années suivantes, on a imprimé tout autant et davantage, mais peu d’ouvrages importants. Les livres même de quelque étendue ont paru d’abord découpés, en articles, en feuilletons ; feuilletons ingénieux, découpures brillantes, mais peu de pensées d’ensemble, peu de grandes compositions.

Ce qui a le plus occupé la presse, ce sont les réimpressions, les publications de manuscrits, de documents historiques, les livres pittoresques à bon marché, sorte de daguerréotypes qui reproduisent en pâles images tout ce qu’on met devant eux.

La rapidité singulière avec laquelle tout cela passe sous nos yeux, se remplaçant, s’effaçant, laissant à peine une trace, ne permet pas de remarquer que dans ces mille objets mobiles, la forme varie très-peu.

Un observateur attentif, et curieux de comparer ses souvenirs, verrait ces prétendues nouveautés revenir périodiquement ; il les ramènerait sans peine à un petit nombre de types, de formules, que l’on emploie tour à tour. Nos rapides improvisateurs sont obligés, le temps manquant, de recourir à ces formules ; c’est comme une grande mécanique, dont ils jouent d’une main légère.

Le génie mécanique qui a simplifié, agrandi la vie moderne, dans l’ordre matériel, ne s’applique guère