Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/45

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à tout : une machine, un simple instrument d’action, n’a pas de nature personnelle.

La machine a sa loi, la fatalité, comme la liberté est la loi de l’âme. Comment donc les Jésuites parlent-ils de la liberté ? En quoi les regarde-t-elle ?

Remarquez le double langage qu’ils nous tiennent aujourd’hui. Ils sont le matin pour la liberté, le soir pour l’autorité.

Dans leurs journaux qu’ils donnent et sèment dans le peuple, ils ne parlent que de liberté, et ils voudraient persuader que la liberté politique est possible sous la tyrannie religieuse… Cela est dur à croire, difficile à faire croire à des gens qui, pour les chasser, ont chassé hier une dynastie (Mouvements en sens divers), et qui en chasseraient dix, s’il le fallait encore.

Dans les salons, avec les grandes dames qu’ils dirigent, ce n’est plus cela ; ils redeviennent tout à coup les amis du passé, les vrais fils du moyen âge.

Et moi aussi, leur dirai je, je suis un peu du moyen âge, j’y ai vécu longues années, et je reconnais bien les quatre mots d’art chrétien que les nôtres viennent de vous apprendre… Mais permettez encore que je vous regarde au visage ; si vous êtes vraiment les fils de ce temps-là, apparemment vous lui ressemblez.

Ce temps était fécond, et tout en se croyant, dans