Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/47

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d’abdiquer notre activité, de nous remettre à vous, au néant, nous répondrions : « Il ne faut pas que le monde meure encore ; qu’on soit mort, à la bonne heure ; est-ce un droit pour exiger que le reste soit mort aussi ? »

Si l’on insiste, si l’on veut que vous soyez quelque chose, j’accorderai que vous êtes une vieille machine de guerre[1], un brûlot de Philippe II, de l’invincible Armada… Quiconque y monte, y périt, et Philippe II, et Charles X, et quiconque y montera.

Nés du combat, vous restez fidèles à votre naissance. Vos œuvres ne sont que des disputes, des discours scolastiques et polémiques, c’est-à-dire des négations… Nous travaillons, vous combattez ; des deux voies, laquelle est chrétienne ?

  1. Trois ans après la Saint-Barthélemi, Grégoire XIII, qui avait remercié le ciel de cet heureux événement, accorda aux Jésuites tous les priviléges que les papes avaient accordés ou accorderaient jamais (concessis et concedendis) à toutes personnes ecclésiastiques, séculières ou régulières. De là leur prétention de représenter toute l’Église, conformément à ce nom ambitieux de Société de Jésus. — Ils en sont la dangereuse contrefaçon. Ils prennent hardiment dans toutes les règles antérieures, copient saint Benoît, saint Dominique, saint François. Allez voir ensuite les originaux, vous trouvez que les textes empruntés avaient un autre sens, tout religieux et poétique, et qui n’a rien à voir avec la police de ceux-ci… Effet bizarre et ridicule, comme d’une ordonnance de police qui irait chercher ses motifs dans la Divine comédie. V. plus bas les notes de la p. 57 et de la p. 70.