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LE
PARADIS PERDU


DE MILTON




REMARQUES



Je prie le lecteur de consulter l’Avertissement placé en tête de l’Essai sur la Littérature anglaise, et de revoir dans l’Essai même les chapitres relatifs à la vie et aux ouvrages de Milton.

Si je n’avais voulu donner qu’une traduction élégante du Paradis perdu, on m’accordera peut-être assez de connaissance de l’art pour qu’il ne m’eût pas été impossible d’atteindre la hauteur d’une traduction de cette nature ; mais c’est une traduction littérale dans toute la force du terme que j’ai entreprise, une traduction qu’un enfant et un poëte pourront suivre sur le texte, ligne à ligne, mot à mot, comme un dictionnaire ouvert sous leurs yeux. Ce qu’il m’a fallu de travail pour arriver à ce résultat, pour dérouler une longue phrase d’une manière lucide sans hacher le style, pour arrêter les périodes sur la même chute, la même mesure, la même harmonie ; ce qu’il m’a fallu de travail pour tout cela ne peut se dire. Qui m’obligeait à cette exactitude, dont il y aura si peu de juges et dont on me saura si peu de gré ? Cette conscience que je mets à tout, et qui me remplit de remords quand je n’ai pas fait ce que j’ai pu faire. J’ai refondu trois fois la traduction sur le manuscrit et le placard ; je l’ai remaniée quatre fois d’un bout à l’autre sur les épreuves ; tâche que je ne me serais jamais imposée si je l’eusse d’abord mieux comprise.