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RECHERCHES SUR L’ISOLEMENT DU FLUOR.

bilité du liquide décroît rapidement. Avec de l’acide fluorhydrique absolument anhydre, le courant ne passe plus. Dans plusieurs de nos expériences, nous sommes arrivé à obtenir un acide anhydre tel, qu’un courant de 35 ampères fourni par 50 éléments Bunsen était totalement arrêté pendant quatre heures.

Ce fait avait été établi d’ailleurs par Faraday, vérifié par M. Gore et par d’autres savants.

En résumé, cette expérience nous démontre :

1o Que l’acide fluorhydrique anhydre ne conduit pas le courant ;

2o Que si l’acide fluorhydrique contient une petite quantité d’eau, cette dernière est décomposée tout d’abord et qu’il ne reste finalement dans l’appareil qu’un acide anhydre.

Nous souvenant alors des expériences tentées sur le fluorure d’arsenic, nous avons additionné l’acide fluorhydrique de fluorhydrate de fluorure de potassium bien sec. Nous rappellerons que les analyses de ce composé, faites par Berzélius, par M. Fremy, par M. Gore et par M. Guntz, conduisent exactement à la formule HFl, KFl.

Si, dans un creuset de platine contenant l’acide anhydre, on ajoute des fragments de fluorhydrate, on les voit disparaître avec rapidité. Le fluorhydrate de fluorure de potassium est très soluble dans l’acide fluorhydrique anhydre.

Plaçons ce liquide dans le petit appareil que nous avons décrit précédemment et faisons passer le courant. On remarque de suite qu’un corps gazeux se produit à chaque électrode. Un manomètre mis en communication avec le tube abducteur de la branche positive démontre nettement que le dégagement de gaz est continu. Cependant le silicium cristallisé placé auprès de l’ouverture du tube ne prend pas feu.

Il se produit par le petit tube de platine correspondant au pôle négatif un dégagement régulier d’hydrogène