Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Don Juan

Il n’y a rien que je ne fisse pour vous.

Monsieur Dimanche

Monsieur, vous avez trop de bonté pour moi.

Don Juan

Et cela sans intérêt, je vous prie de le croire.

Monsieur Dimanche

Je n’ai point mérité cette grâce, assurément. Mais, monsieur…

Don Juan

Oh çà, monsieur Dimanche, sans façon, voulez-vous souper avec moi ?

Monsieur Dimanche

Non, monsieur, il faut que je m’en retourne tout à l’heure. Je…

Don Juan, se levant.

Allons, vite un flambeau, pour conduire monsieur Dimanche ; et que quatre ou cinq de mes gens prennent des mousquetons pour l’escorter.

Monsieur Dimanche, se levant aussi.

Monsieur, il n’est pas nécessaire, et je m’en irai bien tout seul. Mais…

(Sganarelle ôte les sièges promptement.)
Don Juan

Comment ? Je veux qu’on vous escorte, et je m’intéresse trop à votre personne. Je suis votre serviteur, et, de plus, votre débiteur.

Monsieur Dimanche

Ah ! monsieur…

Don Juan

C’est une chose que je ne cache pas, et je le dis à tout le monde.

Monsieur Dimanche

Si…

Don Juan

Voulez-vous que je vous reconduise ?

Monsieur Dimanche

Ah ! monsieur, vous vous moquez ! Monsieur…

Don Juan

Embrassez-moi donc, s’il vous plaît. Je vous prie encore