Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/125

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Scène VII

DON JUAN, SGANARELLE.
Don Juan, adressant encore la parole à son père quoiqu’il soit sorti.

Eh ! mourez le plus tôt que vous pourrez, c’est le mieux que vous puissiez faire. Il faut que chacun ait son tour, et j’enrage de voir des pères qui vivent autant que leurs fils. (Il se met dans son fauteuil.)

Sganarelle

Ah ! monsieur, vous avez tort.

Don Juan, se levant.

J’ai tort !

Sganarelle, tremblant.

Monsieur…

Don Juan

J’ai tort !

Sganarelle

Oui, monsieur, vous avez tort d’avoir souffert ce qu’il vous a dit, et vous le deviez mettre dehors par les épaules. A-t-on jamais rien vu de plus impertinent ? un père venir faire des remontrances à son fils, et lui dire de corriger ses actions, de se ressouvenir de sa naissance, de mener une vie d’honnête homme, et cent autres sottises de pareille nature ! Cela se peut-il souffrir à un homme comme vous, qui savez comme il faut vivre ? J’admire votre patience, et, si j’avais été en votre place, je l’aurais envoyé promener. (bas, à part.) Ô complaisance maudite ! à quoi me réduis-tu ?

Don Juan

Me fera-t-on souper bientôt ?



Scène VIII

DON JUAN, SGANARELLE, RAGOTIN.
Ragotin

Monsieur, voici une dame voilée qui vient vous parler.

Don Juan

Que pourrait-ce être ?

Sganarelle

Il faut voir.



Scène IX

DONE ELVIRE, voilée ; DON JUAN, SGANARELLE.
Done Elvire

Ne soyez point surpris, don Juan, de me voir à cette heure