Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/264

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Sganarelle, à part.

(Ici il pose sa bouteille à terre, et, Valère se baissant pour le saluer comme il croit que c’est à dessein de la prendre, il la met de l’autre côté, ensuite de quoi, Lucas faisant la même chose, il la reprend et la tient contre son estomac, avec divers gestes qui font un grand jeu de théâtre.)

Ils consultent en me regardant. Quel dessein auroient-ils ?

Valère

Monsieur, n’est-ce pas vous qui vous appelez Sganarelle ?

Sganarelle

Hé ! quoi ?

Valère

Je vous demande si ce n’est pas vous qui se nomme Sganarelle.

Sganarelle, se tournant vers Valère, puis vers Lucas.

Oui et non, selon ce que vous lui voulez.

Valère

Nous ne voulons que lui faire toutes les civilités que nous pourrons.

Sganarelle

En ce cas, c’est moi qui se nomme Sganarelle.

Valère

Monsieur, nous sommes ravis de vous voir. On nous a adressés à vous pour ce que nous cherchons ; et nous venons implorer votre aide, dont nous avons besoin.

Sganarelle

Si c’est quelque chose, messieurs, qui dépende de mon petit négoce, je suis tout prêt à vous rendre service.

Valère

Monsieur, c’est trop de grâce que vous nous faites. Mais, monsieur, couvrez-vous, s’il vous plaît ; le soleil pourroit vous incommoder.

Lucas

Monsieu, boutez dessus.

Sganarelle, à part.

Voici des gens bien pleins de cérémonie

(Il se couvre.)

Valère

Monsieur, il ne faut pas trouver étrange que nous venions à vous ; les habiles gens sont toujours recherchés, et nous sommes instruits de votre capacité.