Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/271

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Lucas

Quand il s’y boute, il parle tout fin drait comme s’il lisoit dans un livre.

Valère

Sa réputation s’est déjà répandue ici ; et tout le monde vient à lui[1].

Géronte

Je meurs d’envie de le voir ; faites-le-moi vite venir.

Valère

Je le vais quérir.



Scène II

Géronte, Jacqueline, Lucas
Jacqueline

Par ma fi, monsieu, ceti-ci fera justement ce qu’ant fait les autres. Je pense que ce sera quessi queumi ; et la meilleure médeçaine que l’an pourroit bailler à votre fille, ce seroit, selon moi, un biau et bon mari, pour qui alle eût de l’amiquié.

Géronte

Ouais ! nourrice, ma mie, vous vous mêlez de bien des choses !

Lucas

Taisez-vous, notre minagère Jacquelaine ; ce n’est pas à vous à bouter là votre nez.

Jacqueline

Je vous dis et vous douze que tous ces médecins n’y feront rian que de l’iau claire ; que votre fille a besoin d’autre chose que de rhibarbe et de séné, et qu’un mari est un emplâtre qui garit tous les maux des filles.

Géronte

Est-elle en état maintenant qu’on s’en voulût charger, avec l’infirmité qu’elle a ? Et lorsque j’ai été dans le dessein de la marier, ne s’est-elle pas opposée à mes volontés ?

Jacqueline

Je le crois bian ; vous l’y vouliez bailler eun homme qu’alle n’aime point. Que ne preniais-vous ce monsieur Liandre, qui li touchoit au cœur ? alle auroit été fort obéis-

  1. Ceci prépare la seconde scène du troisième acte, où nous verrons Thibaud et Perrin venir demander des remèdes à Sganarelle.