Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/283

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Sganarelle

Il n’y a point de mal ; et vous n’ètes pas obligé d’être aussi habile que nous.

Géronte

Assurément. Mais, monsieur, que croyez-vous qu’il faille faire à cette maladie ?

Sganarelle

Ce que je crois qu’il faille faire ?

Géronte

Oui.

Sganarelle

Mon avis est qu’on la remette sur son lit, et qu’on lui fasse prendre pour remède quantité de pain trempé dans du vin.

Géronte

Pourquoi cela, monsieur ?

Sganarelle

Parcequ’il y a dans le vin et le pain, mêlés ensemble, une vertu sympathique qui fait parler. Ne voyez-vous pas bien qu’on ne donne autre chose aux perroquets, et qu’ils apprennent à parler en mangeant de cela ?

Géronte

Cela est vrai ! Ah ! le grand homme ! Vite, quantité de pain et de vin.

Sganarelle

Je reviendrai voir sur le soir en quel état elle sera.



Scène VII

Géronte, Sganarelle, Jacqueline
Sganarelle, à Jacqueline

Doucement, vous. (à Géronte) Monsieur, voilà une nourrice à laquelle il faut que je fasse quelques petits remèdes..

Jacqueline

Qui ? moi ? Je me porte le mieux du monde.

Sganarelle

Tant pis, nourrice ; tant pis. Cette grande santé est à craindre, et il ne sera pas mauvais de vous faire quelque petite saignée amiable, de vous donner quelque petit clystère dulcifiant.

Géronte

Mais, monsieur, voilà une mode que je ne comprends