Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/364

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L’IMPOSTEUR
OU
LE TARTUFFE,

COMÉDIE EN CINQ ACTES.
1667.


NOTICE.

L’histoire des premières représentations de Tartuffe est devenue, sous la plume de la plupart des commentateurs ou des biographes, une véritable légende, et le thème de déclamations contre le fanatisme, l’intolérance, les faux dévots et les jésuites. Nous ne nous replacerons pas sur ce terrain, et nous laisserons à M. Sainte-Beuve le soin de raconter, en historien et en critique, les difficultés que la nouvelle pièce éprouva avant d’arriver jusqu’au public :

« Dès 1664, Molière avait achevé sa comédie du Tartuffe à peu près telle que nous l’avons. Trois actes en avaient été représentés aux fêtes de Versailles de cette année, et ensuite à Villers-Cotterets chez Monsieur : le prince de Condé, protecteur de toute hardiesse d’esprit, s’était fait jouer au Raincy la pièce tout entière. Mais les mêmes hommes qui avaient obtenu qu’on brûlât les Provinciales quatre ans auparavant, empêchèrent la représentation devant le public, et la suspension avec divers incidents se prolongea. Louis XIV, en ce premier feu de ses maîtresses, était loin d’être dévot ; mais il avait dès lors cette disposition à vouloir qu’on le fût, qui devint le trait marquant dans sa vieillesse. Tout en songeant à revoir et à corriger sa pièce pour la rendre représentable, Molière, dont le théâtre ni le génie ne pouvaient chômer, produisait d’autres œuvres, et, dans le Festin de Pierre, qui se joua en 1665, il se vengea de la cabale qui arrêtait le Tartuffe, par la tirade de don Juan au