Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/459

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Orgon
1855Las ! que ne dois-je point à vos soins obligeants !

Pour vous en rendre grâce, il faut un autre temps ;
Et je demande au ciel de m’être assez propice
Pour reconnaître un jour ce généreux service.
Adieu : prenez le soin, vous autres.

Cléante
Adieu,: prenez le soin, vous autres. Allez tôt.

1860Nous songerons, mon frère, à faire ce qu’il faut.



Scène 7

Tartuffe, un Exempt, Madame Pernelle, Orgon, Elmire, Cléante, Mariane, Valère, Damis, Dorine.


Tartuffe, arrêtant Orgon.
Tout beau, monsieur, tout beau, ne courez point si vite :

Vous n’irez pas fort loin pour trouver votre gîte ;
Et de la part du prince on vous fait prisonnier.

Orgon
Traître ! tu me gardais ce trait pour le dernier :

1865C’est le coup, scélérat, par où tu m’expédies ;
Et voilà couronner toutes tes perfidies.

Tartuffe
Vos injures n’ont rien à me pouvoir aigrir ;

Et je suis, pour le ciel, appris à tout souffrir.

Cléante
La modération est grande, je l’avoue.


Damis
1870Comme du ciel l’infâme impudemment se joue !


Tartuffe
Tous vos emportements ne sauraient m’émouvoir ;

Et je ne songe à rien qu’à faire mon devoir.

Mariane
Vous avez de ceci grande gloire à prétendre ;

Et cet emploi pour vous est fort honnête à prendre.

Tartuffe
1875Un emploi ne saurait être que glorieux

Quand il part du pouvoir qui m’envoie en ces lieux.

Orgon
Mais t’es-tu souvenu que ma main charitable,

Ingrat, t’a retiré d’un état misérable ?