Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/497

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Moi. Toi, te battre ?

Sosie
Oui, moi : non pas le moi d’ici,
Mais le moi du logis, qui frappe comme quatre.

Amphitryon
Te confonde le Ciel de me parler ainsi !

Sosie
Ce ne sont point des badinages.
Le moi que j’ai trouvé tantôt
Sur le moi qui vous parle a de grands avantages :
Il a le bras fort, le cœur haut ;
J’en ai reçu des témoignages,
Et ce diable de moi m’a rossé comme il faut ;
C’est un drôle qui fait des rages.

Amphitryon
Achevons. As-tu vu ma femme ?

Sosie
Achevons. As-tu vu ma femme ? Non.

Amphitryon
Achevons. As-tu vu ma femme ? Non. Pourquoi ?

Sosie
Par une raison assez forte.

Amphitryon
Qui t’a fait y manquer, maraud ? explique-toi.

Sosie
Faut-il le répéter vingt fois de même sorte ?
Moi, vous dis-je, ce moi plus robuste que moi,
Ce moi qui s’est de force emparé de la porte,
Ce moi qui m’a fait filer doux,
Ce moi qui le seul moi veut être,
Ce moi de moi-même jaloux,
Ce moi vaillant, dont le courroux
Au moi poltron s’est fait connaître,
Enfin ce moi qui suis chez nous,