Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/347

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Seroit vaine
De vouloir résister à ses coups :
Quelque chaîne
Qu’un amant prenne,
La liberté n’a rien qui soit si doux.

Vénus descend du ciel dans une grande machine, avec l’Amour son fils, et deux petites Grâces nommées Ægiale et Phaène ; et les divinités de la terre et des eaux recommencent de joindre toutes leurs voix, et continuent par leurs danses de lui témoigner la joie qu’elles ressentent à son abord.

CHOEUR de toutes les divinités de la terre et des eaux.
Nous goûtons une paix profonde,
Les plus doux jeux sont ici-bas ;
On doit ce repos plein d’appas
Au plus grand roi du monde.
Descendez, mère des Amours,
Venez nous donner de beaux jours.

VÉNUS, dans sa machine.
Cesser, cessez pour moi tous vos chants d’allégresse ;
De si rares honneurs ne m’appartiennent pas ;
Et l’hommage qu’ici votre bonté m’adresse
Doit être réservé pour de plus doux appas.
C’est une trop vieille ? méthode
De me venir faire sa cour ;
Toutes les choses ont leur tour,
Et Vénus n’est plus à la mode.
Il est d’autres attraits naissants
Où l’on va porter ses encens.
Psyché, Psyché la belle, aujourd’hui tient ma place ;
Déjà tout l’univers s’empresse à l’adorer ;
Et c’est trop que, dans ma disgrâce,
Je trouve encor quelqu’un qui me daigne honorer.
On ne balance point entre nos deux mérites,
A quitter mon parti tout s’est licencié,
Et du nombreux amas de Grâces favorites
Dont je trainois partout les soins et l'amitié.
Il ne m’en est resté que deux des plus petites.
Qui m’accompagnent par pitié.
Souffrez que ces demeures sombres
Prêtent leur solitude aux troubles de mon cœur,