Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/393

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Ne m'en demandez point la cause,
Peut-être la sachant, voudrez-vous m'en punir,
Et si j'ose aspirer encore à quelque chose,
Je suis sûre du moins de ne point l'obtenir.

L'AMOUR
1480 Et ne craignez-vous point qu'à mon tour je m'irrite,
Que vous connaissiez mal quel est votre mérite,
Ou feigniez de ne pas savoir
Quel est sur moi votre absolu pouvoir?
Ah si vous en doutez, soyez désabusée,
Parlez.

PSYCHÉ
1485 J'aurai l'affront de me voir refusée.

L'AMOUR
Prenez en ma faveur de meilleurs sentiments,
L'expérience en est aisée,
Parlez, tout se tient prêt à vos commandements.
Si pour m'en croire il vous faut des serments,
1490 J'en jure vos beaux yeux, ces maîtres de mon âme,
Ces divins auteurs de ma flamme,
Et si ce n'est assez d'en jurer vos beaux yeux,
J'en jure par le Styx, comme jurent les Dieux.

PSYCHÉ
J'ose craindre un peu moins après cette assurance.
1495 Seigneur, je vois ici la pompe et l'abondance,
Je vous adore, et vous m'aimez,
Mon cœur en est ravi, mes sens en sont charmés;
Mais parmi ce bonheur suprême
J'ai le malheur de ne savoir qui j'aime.
1500 Dissipez cet aveuglement,
Et faites-moi connaître un si parfait amant.

L'AMOUR
Psyché, que venez-vous de dire?

PSYCHÉ
Que c'est le bonheur où j'aspire,
Et si vous ne me l'accordez...

L'AMOUR
1505 Je l'ai juré, je n'en suis plus le maître,
Mais vous ne savez pas ce que vous demandez.
Laissez-moi mon secret; si je me fais connaître,
Je vous perds, et vous me