Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/394

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perdez.
Le seul remède est de vous en dédire.

PSYCHÉ
1510 C'est là sur vous mon souverain empire?

L'AMOUR
Vous pouvez tout, et je suis tout à vous;
Mais si nos feux vous semblent doux,
Ne mettez point d'obstacle à leur charmante suite,
Ne me forcez point à la fuite:
1515 C'est le moindre malheur qui nous puisse arriver
D'un souhait qui vous a séduite.

PSYCHÉ
Seigneur, vous voulez m'éprouver,
Mais je sais ce que j'en dois croire.
De grâce, apprenez-moi tout l'excès de ma gloire,
1520 Et ne me cachez plus pour quel illustre choix
J'ai rejeté les vœux de tant de rois.

L'AMOUR
Le voulez-vous?

PSYCHÉ
Souffrez que je vous en conjure.

L'AMOUR
Si vous saviez, Psyché, la cruelle aventure
Que par là vous vous attirez...

PSYCHÉ
1525 Seigneur, vous me désespérez.

L'AMOUR
Pensez-y bien, je puis encor me taire.

PSYCHÉ
Faites-vous des serments pour n'y point satisfaire?

L'AMOUR
Hé bien, je suis le Dieu le plus puissant des Dieux,
Absolu sur la terre, absolu dans les Cieux,
1530 Dans les eaux, dans les airs mon pouvoir est suprême,
En un mot je suis l'Amour même,
Qui de mes propres traits m'étais blessé pour vous,
Et sans la violence, hélas! que vous me faites,
Et qui vient de changer mon amour en courroux,
1535 Vous m'alliez avoir pour époux.