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LES FEMMES SAVANTES.



Scène VII.

Henriette, Armande.

Armande.
On voit briller pour vous les soins de notre mère ;
Et son choix ne pouvoit d’un plus illustre époux…

Henriette.
Si le choix est si beau, que ne le prenez-vous ?

Armande.
C’est à vous, non à moi, que sa main est donnée.

Henriette.
Je vous le cède tout, comme à ma sœur aînée.

Armande.
Si l’hymen, comme à vous, me paroissoit charmant,
J’accepterois votre offre avec ravissement.

Henriette.
Si j’avois, comme vous, les pédants dans la tête,
Je pourrois le trouver un parti fort honnête.

Armande.
Cependant, bien qu’ici nos goûts soient différents,
Nous devons obéir, ma sœur, à nos parents.
Une mère a sur nous une entière puissance ;
Et vous croyez en vain, par votre résistance…


Scène VIII.

Chrysale, Ariste, Clitandre, Henriette, Armande.


Chrysale, à Henriette, lui présentant Clitandre.
Allons, ma fille, il faut approuver mon dessein.
Ôtez ce gant. Touchez à monsieur dans la main,
Et le considérez désormais dans votre ame
En homme dont je veux que vous soyez la femme.

Armande.
De ce côté, ma sœur, vos penchants sont fort grands.

Henriette.
Il nous faut obéir, ma sœur, à nos parents :
Un père a sur nos vœux une entière puissance.

Armande.
Une mère a sa part à notre obéissance.

Chrysale.
Qu’est-ce à dire ?

Armande.
Qu’est-ce à dire ? Je dis que j’appréhende fort