Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/66

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Valère.

De grâce !

Maître Jacques

Vous êtes un impertinent.

Valère

Monsieur maître Jacques…

Maître Jacques

Il n’y a point de monsieur maître Jacques pour un double[1]. Si je prends un bâton, je vous rosserai d’importance.

Valère

Comment ! un bâton ?

Valère fait reculer maître Jacques à sont tour.
Maître Jacques

Hé ! je ne parle pas de cela.

Valère

Savez-vous bien, Monsieur le fat, que je suis homme à vous rosser vous-même ?

Maître Jacques

Je n’en doute pas.

Valère

Que vous n’êtes, pour tout potage, qu’un faquin de cuisinier ?

Maître Jacques

Je le sais bien.

Valère

Et que vous ne me connoissez pas encore ?

Maître Jacques

Pardonnez-moi.

Valère

Vous me rosserez, dites-vous ?

Maître Jacques

Je le disois en raillant.

Valère

Et moi, je ne prends point de goût à votre raillerie. (Donnant des coups de bâton à maître Jacques.) Apprenez que vous êtes un mauvais railleur.

Maître Jacques, seul.

Peste soit la sincérité ! c’est un mauvais métier : désormais j’y renonce, et je ne veux plus dire vrai. Passe encore

  1. C’est-à-dire, il n’y en a point. Le double était une petite pièce de monnaie qui valait deux deniers.