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RUINE DES ÉTRUSQUES. – LES GAULOIS

eût eu bien du mal, l’art des sièges étant encore dans l’enfance, à mener à fin une entreprise immense et s’attaquant à des villes grandes et puissamment fortifiées. Véies, abandonnée, succomba (396 av. J.-C.358) après s’être bravement défendue ; elle succomba devant les efforts héroïques et opiniâtres de Marcus Furius Camillus, qui par sa victoire ouvrit au peuple romain la dangereuse et brillante carrière des conquêtes au dehors. La joie fut grande dans Rome, et depuis lors, en souvenir de son triomphe, les jeux se terminèrent toujours par « l’encan véien », où, parmi les objets figurant le butin mis en vente, était amené, pour la dernière enchère, le plus chétif et le plus infime vieillard qui se pût trouver, et qu’on décorait du nom de « Roi des Véiens ». Véies fut détruite : son emplacement maudit fut condamné à rester un éternel désert. Capène et Faléries s’empressèrent de faire la paix. La puissante cité de Volsinies[1], qui, demeurant dans la torpeur fédérale, n’avait pas bougé quand Véies luttait encore, prit les armes trop tard, et au bout de quelques années (363)391 av. J.-C., sollicita la paix à son tour. La tradition, se laissant aller à un rapprochement tragique des faits, raconte que les deux avant-postes de l’empire Étrusque ont succombé le même jour, Melpum, au nord, sous les coups des Gaulois, et Véies, au sud, sous les coups des Romains. Exact ou non, ce rapprochement a un sens historique d’une vérité profonde. La double attaque au nord et au sud, et la chute des deux forteresses gardiennes de leurs frontières, marquent pour les Étrusques le commencement de leur ruine en tant que nation indépendante.

Les gaulois en guerre avec Rome.À cette même heure les deux peuples qui les menaçaient à la fois se prirent à leur tour de querelle : la fortune de Rome se vit tout à coup arrêtée dans son nouvel

  1. [Auj. Bolsena.]