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ASSUJETTISSEMENT DU LATIUM ET DE LA CAMPANIE

comptait, comme ayant leur autonomie et leur voix dans la diète, Nomentum, entre le Tibre et l’Anio ; Tibur, Gabies, Scaptia, Labicum[1], Pedum et Præneste, entre l’Anio et le mont Albain ; Corbio, Tusculum, Bovilles, Aricie, Corioles et Lanuvium, dans la région de cette même montagne ; et enfin Laurentum et Lavinium,

    vant Denys, en fasse également partie. De même les colonies Latines fondées avant 370 font partie de l’association des fêtes Albaines ; celles postérieurement établies n’y entrent pas. — Il n’est pas étonnant que Denys n’ait point placé Antium et Suessa Pometia sur sa liste. Ces deux cités, à peine colonisées, furent de nouveau perdues par les Latins : pendant longtemps encore les Volsques eurent dans Antium leur principale place forte ; et Suessa avait été ruinée. La seule difficulté à résoudre concernerait l’exclusion de Signia de la liste, et la mention faite au contraire de la ville de Setia. Faut-il dans le texte lire ΣΙΓΝΙΝΩΝ, au lieu de ΣΗΤΙΝΩΝ ? Ou bien faut-il admettre que la fondation de Setia était déjà arrêtée avant 384 av. J.-C.370, et que Signia n’a jamais compté parmi les cités ayant voix dans la ligue ? Dans tous les cas, l’exception est unique, et la loi d’exclusion, pour les colonies postérieures à 384 av. J.-C.370, paraît certaine. Nous ne trouvons pas non plus sur la liste, et par une raison manifeste, les noms des cités incorporées à Rome avant cette même date, Ostie, Antemnes, Albe, etc. Au contraire, nous y voyons figurer celles incorporées plus tard, Tusculum, Satricum, Velitres, lesquelles ont toutes perdu leur autonomie de 384 à 218 av. J.-C.370 à 536. — Pline donne aussi une liste de 32 villes, n’existant plus de son temps, et qui auraient eu part jadis aux fêtes du mont Albain. Si l’on en retranche 8, dont les noms se trouvent aussi sur la liste de Denys (les Cusuétans et les Tutiens de Pline semblent n’être autres que les Carventans et les Tricrins de Denys), il reste encore 24 localités dont la situation nous est à peu près inconnue, et qui se composent des 16 cités non votantes membres les plus anciens de l’association Albaine, et rejetés plus tard sur le second plan ; puis de 7 ou 8 autres cités appartenant jadis à la ligue, disparues depuis ou exclues à un titre quelconque, et parmi lesquelles il faudrait tout d’abord compter l’antique chef-lieu lui-même, Albe, dont Pline, d’ailleurs, ne manque pas de mentionner le nom.

  1. Tite-Live dit formellement (4, 47), que Labicum a reçu une colonie en 384 av. J.-C.336. Mais sans qu’il soit besoin d’objecter le silence significatif de Diodore (13, 7), il paraît certain que cette ville n’a point été une colonie de citoyens [colonia civium Romanorum] ; d’abord, parce qu’elle n’était pas située dans le voisinage de la côte, et ensuite, parce que longtemps après, elle jouissait encore de son indépendance politique. Elle n’a point été colonie latine [colonia latina] ; car il n’existe pas, et, selon la loi de ces sortes de fondations, il n’a pas pu exister un second exemple d’une colonie latine établie dans le pays Latin primitif. Très probablement, il s’est passé là ce qui s’est passé ailleurs, lors des assignations de terre à 2 jugères par lot ; la tradition a transformé en assignations coloniales ce qui n’était d’abord qu’un simple allotissement bourgeois.