Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/13

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· MOUVEMENTBÉFOBMISTE 9 · grossières. Il crie a la réforme; il se dit démocrate pour — ` se faire un public qui le connaisse et qui l?aime : moyens _ dïautant plus efficaces, qu’ils ne·vont pas au fond des ` choses', et ne servent que de passeport a la personne. Bientot chez les jeunes gens imberhes, de noble naissance, il devint de mode, pour entamer la vie publique par une action d’éclat, de s’affubler du role de Caton. On les vit alors, assaisonnant de leur passion inexpérimentée leur ' rhétorique enfantine, se chercher de leur autorité privée ' qnelquehomme haut placé-et impopulaire qu’ils pussent · ` · _ accuser. Entre les mains de ces avocats de l’Etat, qui les laissait faire, la noble institution de la justice, la disci- . · pline politique n’étaient plus qu’une manœuvre de brigue . · et de candidature.`Depuis longtemps, donner au peuplé des jeuxet des fetes magnifiques, et ce qui pis est, les lui _ promettre, était devenu la condition préalable et legale de · l’obtention du consulat (IV, p. 85, 86); et nous voyons, par les prohibitions édictées en 595, que déja les voix, 159 ¤v· J--C- s’achetent a prix d’argent. A courtiser tous les jours les` faveurs de la foule, l’aristocratie·minait le sol sous elle. _ Or, conséquence la plus funeste peut—etre entre toutes, comment concilier longtemps la situation et les droits du _ . _ gouvernant ât l’encontre du gouverné avec cette attitude . mendiante et ces flatteries ai l’adresse de la foule? Le gou— vernement devait etre le salutdu peuple : il fut pour lui une peste funeste. Iln’osa plus disposer de la vie et de la ‘ fortune des citoyens, selon les nécessités et les besoins de la patrie. Il les laissa s’habituer ai la dangereuse et egoïste pensec qu’ils avaient, de par la loi, l’exemption de tous · impots directs ct se payant ai l’avance : apres la guerre · contre Persée, en effet, il n’en fut plus demandé au peuple. , Dut l’arrnée elle—meme et l’organisation militaire périr, ` ` on n’ose plus contraindre le Romain ai s’en allcr servir au ` n dela des mers; or l’on sait ce qu’il en coûte nu magistrat V qui tentcrait de mettre en vigueur les anciennes et odieuses V . lois du recrutement (IV, p. 375).