Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 7.djvu/26

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leur petite armée, ils formaient un état dans l’Etat ; ils défiaient l’autorité légitime, se tenaient en dehors du contingent local, et ébranlaient la constitution. Lorsque dans tel clan, comptant quelque 80,000 hommes habiles aux armes, on voyait venir à l’assemblée tel noble suivi de ses 40,000 valets, sans compter ses clients et ses débiteurs, assurément on pouvait voir en lui un dynaste indépendant bien plus qu’un simple membre de la communauté. Ajoutons qu’à l’intérieur du clan les principales familles se tenaient entre elles étroitement unies par les mariages, par les pactes réciproques ; et qu’en face d’elles nul pouvoir ne restait debout. Aussi, plus d’autorité centrale qui maintint la paix publique : partout régnait le droit de la force. Le client ne demandait aide qu’au maître ; et celui-ci par devoir ou intérêt vengeait nécessairement l’injure faite aux siens. L’Etat ne

qui prévaut, la dénomination d’ambacte a été germanique à I'origine, et a désigné le valet qui suit son maître dans le combat, et se tient « derrière son dos » (and = gegen, contre, et bak = Rücken, dos), ce n'est point là un fait inconciliable avec l’usage du mot chez les Gaulois, usage qui remonte à une époque singulièrement ancienne. Selon des analogies probables, le droit des nobles d’avoir des ambactes pour escorte (ôoükot ntaôwrol) n’est point une institution primitive des Gaulois : elle est née et s’est peu à peu formée en opposition avec la royauté ancienne, et le droit d’égalité des hommes libres. Elle n’est point, à vrai dire, nationale, elle est relativement moins vieille que la nation: et je tiens dès lors pour possible, sinon même pour très—vraisemblable, qu'à la suite de contacts prolongés durant des siècles avec Ies Germains, contacts sur lesquels nous aurons à revenir, les Celtes, et en Italie. et dans les Gaules, avaient d’abord pris pour leur escorte armée_ des Germains mercenaires. Sous ce rapport on voit que les « suisses ¤ seraient plus vieux qu’ou ne le croit de quelques milliers d’années. Et si la dénomination de Germains, donnée par les Romains aux Allemands en tant que nation, et peut-être à l’instar de l'appellation usitée chez les Gaulois, si cette dénomination, dis-je, est vraiment d’origine celtique (Ill, p. 10*2, â la note), nos conjectures seraient en parfaite concordance. — Je conviens qu’il faudrait les abandonner au contraire, si I’on arrivait à rattacher le mot ambacte à une racine celtique. Zeuss,.par—ex. (Grammaire celt., p. 761), le rattache aux radicaux ambi (autour, ctrcum), et atg (pousser, agere), « qui meut ou se meut autour, serviteur. homme â la suite. ¤ Mais qu’ou ne cite pas comme argument décisif tel nom propre qui se retrouve chez les Gaulois (Zeuss, p. _89), tel mot qui s’est conservé dans le cambrien (amaeth = laboureur, travailleur), il n’y a là rien de sérieux.