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LETTRES PERSANES.




LETTRE XXIX.

RICA A IBBEN.

A SMYRNE.

Le pape est le chef des chrétiens. C’est une vieille idole, qu’on encense par habitude. Il était autrefois redoutable aux princes même ; car il les déposait aussi facilement que nos magnifiques sultans déposent les rois d’Irimette et de Géorgie. Mais on ne le craint plus. Il se dit successeur d’un des premiers chrétiens, qu’on appelle saint Pierre : et c’est certainement une riche succession ; car il a des trésors immenses, et un grand pays sous sa domination.

Les évêques sont des gens de loi qui lui sont subordonnés, et ont, sous son autorité, deux fonctions bien différentes. Quand ils sont assemblés, ils font, comme lui, des articles de foi. Quand ils sont en particulier, ils n’ont guère d’autre fonction, que de dispenser d’accomplir la loi. Car tu sauras que la religion chrétienne est chargée d’une infinité de pratiques très-difficiles : et, comme on a jugé qu’il est moins aisé de remplir ses devoirs, que d’avoir des évêques qui en dispensent, on a pris ce dernier parti pour l’utilité publique : de sorte que, si [1] on ne veut pas faire

  1. A. C. Ainsi, si on ne veut pas, etc.