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Liv. II. Chap. II.

c’est lorsqu’il n’y a plus de brigues ; & cela arrive, lorsqu’on a corrompu le peuple à prix d’argent : il devient de sang-froid, il s’affectionne à l’argent ; mais il ne s’affectionne plus aux affaires : sans souci du gouvernement, & de ce qu’on y propose, il attend tranquillement son salaire.

C’est encore une loi fondamentale de la démocratie, que le peuple seul fasse des lois. Il y a pourtant mille occasions où il est nécessaire que le sénat puisse statuer ; il est même souvent à propos d’essayer une loi avant de l’établir. La constitution de Rome & celle d’Athenes étoient très-sages. Les arrêts du sénat[1] avoient force de loi pendant un an ; ils ne devenoient perpétuels que par la volonté du peuple.




CHAPITRE III.

Des Lois relatives à la nature de l’aristocratie.


Dans l’aristocratie, la souveraine puissance est entre les mains d’un certain nombre de personnes. Ce sont

  1. Voyez Denys d’Halicarnasse, liv. IV & IX.