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INVENTER UNE INTRIGUE




Parmi les folies littéraires du siècle dernier, et probablement de celui-ci, il faut mettre à part celle qui consiste à se figurer qu’on invente une intrigue.

Jadis, le conte le plus usé était le meilleur ; on se le passait carrément, et lorsque quelqu’un se trouvait à avoir du génie, il le faisait paraître dans son éloquence et sa façon de souffler sur l’argile. Je songe, par exemple, à Boccace et à notre La Fontaine.

Jean Boccace, ami de Pétrarque et homme de haute culture, est fort mal connu en France, et peut-être ailleurs ; je n’ose pas dire dans son propre pays. Par leur vogue méritée, ses gaillardises et ses joyeux devis jetèrent de l’ombre sur ses récits tragiques ou gracieux qui, cependant, sont la partie la plus noble de son œuvre.