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et (IV). Le nombre des équations est donc bien égal à celui des inconnues[1].

La théorie de l’équilibre de la production, dont nous venons d’indiquer les grandes lignes, a soulevé de nombreuses critiques. Il serait oiseux d’essayer de les passer toutes en revue, mais en outre de celle, due au processeur Edgeworth, que nous avons déjà eu (II), III, 2) l’occasion d’examiner, il en est une autre dont il nous faut dire quelques mots parce qu’elle a été souvent reproduite[2] et qu’elle peut sembler être fondée à un lecteur non prévenu.

Bien que nous n’ayons pas insisté sur ce fait dans notre exposé, on peut dire que la théorie de la production, due à l’éminent professeur de Lausanne, repose tout entière sur cette hypothèse que l’entrepreneur ne réalise ni gain ni perte (son salaire comme directeur de l’entreprise étant compris dans les frais de production). Or, il est incontestable que cette hypothèse paraît quelque peu paradoxale, et par suite de nature à vicier radicalement toute la théorie. Eh bien ! non seulement elle est justifiable au point de vue purement théorique, mais encore elle est beaucoup plus voisine de la vérité qu’on ne se l’imagine a priori.

Si, en effet, il est incontestable que les entrepreneurs s’efforcent de revendre les produits à un prix supérieur au prix de revient, il n’en est pas moins vrai que la

  1. De même que pour les équations de l’échange, Walras a entrepris de mettre en évidence que le marchandage, qui aboutit sur le marché à la fixation des cours, constitue un mode de résolution automatique des équations de la production ; mais nous n’avons pas lieu de revenir sur cette question que nous avons examinée précédemment dans toute sa généralité.
  2. Cf. notam. F.-Y. Edgeworth, Revue anglaise Nature, numéro du 5 septembre 1889 et Revue d’Économie politique, numéro de janvier 1891 ; A. Beaujon, Revue d’Économie politique, numéro de janvier 1890 ; R. Auspitz et R. Lieben, Revue d’Économie politique, numéro de novembre 1890.