Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cours efficace à l’économie politique, mais de savoir si l’économie politique est susceptible de bénéficier de l’intervention des mathématiques, c’est-à-dire si l’emploi des mathématiques en économie politique est justifié par un profit qui ne soit pas annihilé par la difficulté de mise en œuvre d’un appareil aussi compliqué. C’est là une question, dont l’importance ne saurait échapper, à laquelle nous allons donner une réponse nettement affirmative en essayant de montrer que l’emploi des mathématiques en économie politique est rendu indispensable par la complexité du monde économique.


§ 3. — Les mathématiques sont nécessaires pour aborder l’étude des phénomènes économiques généraux.

Pour se rendre compte de la nécessité de l’emploi des mathématiques pour aborder l’étude du monde économique dans son entière complexité, une simple constatation suffit : tandis que depuis la naissance de l’économie politique[1], les économistes littéraires n’ont pas cessé de proclamer (souvent pour excuser l’insuffisance des résultats de leurs recherches) la répercussion des phénomènes économiques les uns sur les autres et la solidarité des marchés, ces mêmes économistes se sont évertués dans leurs études à rechercher des causes^ la cause de la valeur, par exemple, — ce qui, en présence de phénomènes mutuellement relationnés, est aussi

  1. Le Tableau économique de Quesnay, le fondateur de l’économie politique, offre déjà l’exemple d’une tentative de représentation de la mutuelle dépendance des phénomènes économiques, si bien qu’on a voulu voir dans les Physiocrates des précurseurs de l’emploi des mathématiques (Voir Ch. Gide et Ch. Rist, Histoire des doctrines économiques, 1re éd., Paris, 1909, liv. I, ch. i, sect. I, § 2, p. 21 n.), emploi qui est du reste conforme à leurs idées (Cf. l’opinion de Le Trosne rappelée ci-dessus, p. 6 n.).