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sans exception, pour radical un nom de ville  ; exemples  : Lugdunensium, Turnacensium, tandis que, dans les noms de peuples qui n’ont pas cette terminaison, le radical ne représente aucun nom de lieu connu à cette époque  ; exemples : Turonum, Santonum. C’est qu’en effet, à la terminaison -ensis s’attache une idée essentiellement locative, habitative  ; les thèmes sur lesquels ont été formés les adjectifs Carthaginiensis, Atheniensis, ont un caractère topologique tout aussi manifeste que les mots atriensis, castrensis, hortensis, dérivés de atrium, castrum, hortus.

On peut affirmer que toute forme dérivée d’un nom ethnique par l’addition du suffixe -ensi-s appartient à la latinité de la décadence  ; c’est au commencement du viie siècle, et tout au plus vers la fin du vie, qu’apparaissent dans les écrits de Grégoire de Tours, de Fortunat, d’Isidore de Séville, les formes barbares, telles que Lingonensis, Turonicensis et Turonensis. De l’époque gallo-romaine à l’époque franque, une révolution grammaticale s’opère dans la nomenclature territoriale de la Gaule, et aux anciennes dénominations, civitas Redonum, civitas Lugdunensium, civitas Senonum, se substituent les locutions moins concrètes, civitas Redonensis, civitas Lugdunensis, civitas Senonensis, qui désignent des circonscriptions politiques, tandis que les dénominations proprement topographiques prennent plutôt les terminaisons -icus, -iacus  ; exemple  : urbs Redonica, pagus Redonicus, urbs Parisiaca, pagus Parisiacus. Tels sont du moins les résultats de la comparaison que chacun peut faire comme moi en mettant en regard, d’un côté, la Notice des Provinces et des Cités, et, de l’autre, la Liste des divisions territoriales de la Gaule Franque, telle qu’elle a été dressée par Guérard (op. cit., p. 144-154). Il ne s’agit ici, bien entendu, que des caractères généraux de la transformation subie par le langage géographique, sur lequel agirent, tout comme sur la langue cou-