Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/121

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et même caractère ; que Hieronymus passant par Géronimo devient Jérôme ; que nous faisons de Huano, Guano ; que le mot hollandais Want, qui signifie gant, vient du mot français Gant ; que chausse dérive de l’anglais Hose ; et que pour Guild Heaume, mot anglais, nous disons en hollandais Huillem ou Willem et en français : Guillaume ; mais, quoique ce soit trop exiger de quelqu’un qui a fait sa fortune dans l’indigo, il ne sied pas à un tel individu, Européen, de frayer avec un Lippu, Indien !

Moi, qui comprends comment Willem dérive de Guillaume, j’avoue que, surtout aux Moluques, j’ai fait connaissance avec beaucoup de Lippus qui m’ont étonné par l’étendue de leur instruction. Ils m’ont même donné à penser que nous autres, Européens, tout en ayant à notre disposition une foule de ressources, nous sommes souvent, et de beaucoup, bien plus arriérés que ces pauvres parias, qui, dès le berceau, ont eu à lutter contre une subordination artificielle, calculée, et contre le sot préjugé de la couleur.

Mais, Madame Sloterin, ne courait pas le risque de faire des fautes de Hollandais ; elle parlait malais. Plus tard, nous aurons occasion de faire plus ample connaissance avec elle, en prenant le thé, à Rangkas-Betoung, dans l’avant galerie de la sous-préfecture, avec Havelaar, Tine et le petit Max. Nos voyageurs atteignirent enfin le but de leur voyage, après avoir subi encore nombre de secousses et de cahots.

Le préfet qui ne les avait accompagnés que pour installer le sous-préfet dans ses fonctions, témoigna le désir de retourner le jour même à Serang.

— J’ai… véritablement… beaucoup… commença-t-il,