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MAX HAVELAAR.
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I.


Je suis commissionnaire en cafés, et je demeure, Canal des Lauriers, n°. 37.

Il n’est pas dans mes habitudes d’écrire des romans ou autres choses de la même farine. J’ai donc longuement réfléchi, avant de me résoudre à commander deux rames de papier de plus qu’à l’ordinaire, et à commencer l’ouvrage que vous avez en mains, cher lecteur.

Cet ouvrage, il vous faudra le lire, que vous soyez commissionnaire en cafés, vous-même, ou n’importe quoi.

Non seulement, je n’ai jamais écrit quoi que ce soit qui ressemble à un roman, mais en ma qualité de commerçant, tout ce qui ressemble à un roman m’est parfaitement insupportable.

Depuis des années, je me demande à quoi servent les romans, et rien ne me stupéfie plus que l’impudence avec laquelle un poëte ou un romancier ose vous faire accroire ce qui n’est jamais arrivé, et, le plus souvent, ce qui ne peut être arrivé.