Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

neuve, ces deux femmes n’ayant jamais quitté Amsterdam, et n’étant jamais allées à la kermesse de Harlem, sous le prétexte burlesque, que, lui, Havelaar était chargé, de par le Roi, d’amuser deux créatures, qui, toute leur vie, s’étaient si bien conduites.

Elle lui dit qu’il avait bien fait de régaler les orphelins de tous les orphelinats d’Amsterdam, en leur envoyant des gâteaux, de l’orgeat et des joujoux. Elle comprit à merveille qu’il payât les frais d’hôtel d’une famille de pauvres chanteurs ambulants ; ces malheureux, voulant retourner dans leur pays, se désespéraient d’être contraints d’abandonner en paiement, leurs seuls gagne-pain, la harpe, le violon et le violoncelle, toute leur fortune instrumentale. Elle ne le blâma point de lui amener une fille qui, un soir, l’avait accosté au coin de la rue… et de lui donner à manger, chez lui, et de lui avoir fait faire un lit… disant qu’il ne fallait pas lui crier : Allez et ne pêchez plus, avant de lui avoir fourni les moyens de ne plus pêcher.

Elle trouva très bien que son Max fît porter un piano chez un pauvre père, qu’il avait entendu pleurer sur la maudite et fatale banqueroute, à la suite de laquelle ses filles étaient obligées de renoncer à leur musique.

Elle le poussa à racheter la liberté d’une famille d’esclaves, à Menado. Ces malheureux s’arrachaient les cheveux et se lamentaient amèrement en songeant qu’ils allaient : Monter sur la table du crieur !

Elle trouva tout naturel que son Max fît remettre des chevaux aux Alfouriens dans le Minahassa, toutes leurs bêtes ayant succombé, au service des officiers de la Bayonnaise.