Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/38

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semaines sur l’espoir d’une visite. À tout moment, je me sentais l’envie de me jeter à ses genoux et de lui peindre mon désespoir. Je me disais qu’elle ne pourrait y être insensible, qu’elle me paierait du moins de quelques paroles de pitié ; mais là-dessus son brusque départ et sa sévérité me revenaient ; je tremblais de la perdre, et j’aimais mieux mourir que de m’y exposer.

Ainsi, n’ayant pas même la permission d’avouer ma peine, ma santé achevait de se détruire. Mes pieds ne me portaient chez elle qu’à regret ; je sentais que j’allais y puiser des sources de larmes, et chaque visite m’en coûtait de nouvelles ; c’était un déchirement comme si je n’eusse plus dû la revoir, chaque fois que je la quittais.

De son côté, elle n’avait plus avec moi ni le même ton ni la même aisance qu’auparavant ; elle parlait de projets de voyage ; elle affectait de me confier légèrement des