Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à retentir sous les sombres allées, parmi les roches solitaires, je la vis trembler tout à coup. Elle s’arrêtait comme pour m’attendre, car je me tenais un peu derrière elle ; dès que je la rejoignais, elle prenait le galop. Bientôt nous arrivâmes sur le penchant de la montagne, et il fallut aller au pas. Je vins alors me mettre à côté d’elle ; mais nous baissions tous deux la tête ; il était temps, je lui pris la main.

« Brigitte, lui dis-je, vous ai-je fatiguée de mes plaintes ? Depuis que je suis revenu, que je vous vois tous les jours, et que tous les soirs en rentrant je me demande quand il faudra mourir, vous ai-je importunée ? Depuis deux mois que je perds le repos, la force et l’espérance, vous ai-je dit un mot de ce fatal amour qui me dévore et qui me tue, ne le savez-vous pas ? Levez la tête ; faut-il vous le dire ? Ne voyez-vous pas que je souffre et que mes nuits se passent à pleurer ? n’avez-