Page:Nadaud - Chansons, 1870.djvu/217

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Sous un brouillard épais et lourd
Les villes grisâtres pâlissent ;
Leur aspect sombre et leur bruit sourd
Dans le néant s’ensevelissent.

Ô les humaines passions,
Les espérances mensongères !
Ô les basses ambitions
Qui grouillent dans ces fourmilières !

Adieu, terre ! j’ai pris mon vol
Au delà des zones connues ;
Mes pieds ne touchent plus le sol ;
Je sonde l’infini des nues !

Voici le zénith étoilé ;
L’horizon disparaît immense ;
Il semble que Dieu m’ait parlé,
Et que l’éternité commence !…

Mais l’air plus rare a, dans les cieux,
Ralenti mon élan rapide ;
Le froid me saisit, et mes yeux
Se sont couverts d’un voile humide.

Ah ! c’en est fait, l’immensité
Ne sied qu’à l’essence divine ;
Je sens bien que l’humanité
Frémit encore en ma poitrine.

Sur le sol qui soutint mes pas
Est une famille que j’aime ;
Des amis m’attendent là-bas,
Qui me sont plus chers que moi-même.